Séance finale (décembre 2015) | Ecriture d’une note de lecture (travail individuel, noté)

Que lire d’un livre, qu’écrire de ce Lire ?

Principe annoncé

Se documenter, et documenter en retour. Venez avec un livre. Nous tenterons, ensemble, d’en écrire quelque chose qui soit : documenté, tissé du Monde, du réseau, et des autres ; et qui soit en même temps : de vous, pleinement personnel (et verrons comme c’est, sans doute, indissociable).

Déroulement de l’atelier

Il ne s’agit pas de procéder comme pour un cours de journalisme, d’un guide de « bien-écrire », d’un manuel d’usage de communication (tout ceci se trouve aisément sur le web, chartes éditoriales de site)  : il s’agit, se penchant sur un livre qu’on a lu,  de traverser cette expérience fondamentale et nécessairement productrice, de la relecture, attentive, scrutative, réflexive. Et de passer, pour ce faire, par l’écriture.

1/ Tout est en vous, tout est dans le livre.

Première consigne donnée :

« Isolez-vous et posez vous des questions durant 3 minutes, yeux fermés, sans rien écrire manuellement :
Quel souvenir vous vient de ce livre ? Quelle phrase, même imparfaitement ? Quelles images ? Quels dialogues ? Quelles idées ? Quelles sensations ? Ne notez rien. »

Seconde consigne donnée :

« Tout ce qu´il y a à dire du livre est d’abord, déjà, là. Posez des questions au livre, dépliez l’objet, questionnez-le :
qu’est-ce qu’il y a dedans ? Structurellement : organisation, titre, sous-titres, exergue, dédicaces, parties sous-parties, quelle mode d’énonciation, quelle structure ? Quelles phrases, quelles accroches, quels incipits, quels excipits ? Quelles phrases vous ont marqué ? Quelles phrases sous restent, quelles phrases vous semblent déterminantes ? Notez, recopier. Une phrase, deux, trois. »

Troisième consigne donnée :

« Relisez et reposez-vous les question d’origine, 5 minutes, avec ce matériel sous les yeux. Faites des rapports, mentaux puis écrits. »


2/ Tout est ailleurs, rien n’est pareil.

Première consigne :

« La documentation – Cherchez, maintenant que vous disposez de vos souvenirs et d’éléments objectivement tirés du livre, cherchez tout ce que vous pouvez trouver sur ce livre sur le web, avec et sans méthode. Ramassez des citations, usez du copier-coller (en insérant un lien à chaque fois, pour ne pas perdre vos sources de vue, et pour citer en bonne et due forme.  //
N’intervenez pas autrement qu’en redisposant, et laisser des blancs. »

On constate, ensemble, lors du retour collectif, que dès lors un point de vue se constitue, on se positionne face à l’information reçue, abondante, on peut la citer ou la compléter ou contredire, depuis ses propres observations. Le but est, échappant au tout-venant, au marketing, à l’air du temps, de reprendre position d’énonciation, d’auteur de sa propre lecture (et de ses propres lectures documentaires, ensuite), car chaque lecture est unique et permet d’énoncer un propos singulier.  Les matières s’affrontent, se frottent : le su et le lu, le vu et le lu, l’objet documente mon point de vue qui le documente et re-documente avec et contre et depuis les informations autres, une spirale est en marche, l’écriture est lancée.

Le reste est affaire de temps, de sédimentation puis percolation, de tri, d’allers et retours vers le texte… et de contrainte de format, selon l’espace de publication où publier cette notice.

3. quel format – vers une rédaction orientée publication

La troisième partie de l’exercice, celle qui mène au travail de rédaction puis de publication (qui sera évalué), est de tri, de calibrage : il s’agit de faire 2000 / 2500 signes pour une publication  en ligne (incluant des liens, publiée sur ce blog).

Les textes seront déposés ici.

On a tiré sur le Président de Phillipe Labro

« Où étiez-vous le jour où l’on a tiré sur Kennedy ? » comme nous le demande Philippe Labro.
Toute une génération se souvient de l’endroit précis où elle se trouvait en ce 22 novembre 1963. Cette question est, encore aujourd’hui, l’une des plus posée en Amérique. Un moment, un instant dans une vie, qui fascine encore de nos jours.
Philippe Labro, lui, ne l’oubliera jamais. Il fut l’un des seuls journalistes étrangers présents ce jour-là, pour raconter au reste du monde ces quelques jours sombres de l’histoire américaine. De l’assassinat du Président au meurtre de Lee Harvey Oswald, par l’étrange Jack Ruby.
Sur place, il va vivre ces événements à l’intérieur même du quartier général de la police de Dallas. Il verra Oswald, mais également Jack Ruby, la veille où il assassinera le meurtrier du Président. Autant d’événements qui ont marqué un peuple, un pays, le monde.
Grâce aux notes prises, à ces articles pour France-Soir, et ses souvenirs, Philippe Labro nous retranscrit, avec un style sobre, la réaction consternée de nombreux américains, mais également celle de certains Texans qui n’ont pas hésité à applaudir cet assassinat. Il nous fait part de cette cohue dans les couloirs du quartier général, mais aussi les allées et venues en toute tranquillité de Ruby.
Il permet au lecteur de se rendre compte de la dimension incroyable de l’événement, de ces texans qui souhaitaient à tout prix réussir leur enquête pour montrer leur domination.
Il donne son propre avis quand à toutes ces théories conspirationnistes : pour lui il n’y a qu’un seul assassin, Lee Harvey Oswald, et il l’a croisé dans les couloirs du quartier général de la police. Malgré cela, son honnêteté narrative pousse le lecteur à s’interroger, à chercher lui-même une explication.
Son récit nous imprègne de l’ambiance des rues de Dallas, de l’odeur du sang, de tous ces rebondissements.
Néanmoins, ce n’est pas dans ce livre que l’on apprend de nouveaux faits, de nouveaux éléments d’enquête. Philippe Labro s’en tient à ce qu’il a vécu, à son ressenti, à son histoire, à « son » Kennedy, et son destin fauché en plein mandat présidentiel alors qu’il prenait pleinement conscience de son rôle, qu’il « devenait un vrai président ».
Le livre est plus une comparaison entre ces deux personnages que le destin a réuni. On peut le définir avec cette phrase, issu de son livre : « Oswald était la nuit. Kennedy était le jour. Seule la mort pouvait se charger de faire rencontrer ces deux éléments, en principe irréconciliables ».

L’homme qui voulait vivre sa vie, Douglas Kennedy

Éditions Pocket, Belfond

« Nous ne cessons pas de rêver d’une existence plus libre tout en nous enferrant de plus en plus dans les obligations, dans les pièges domestiques. »

Ben Bradford a une vie qui fait rêver : la trentaine, avocat compétent, une femme, deux enfants. Mais Ben ne supporte plus cette vie. Elle l’emprisonne. Son plus grand regret est de ne pas être devenu photographe. Son regret s’accroît lorsqu’il découvre que l’amant de sa femme est son idéal, celui qu’il devait être, celui qu’elle voulait qu’il soit. Jusqu’au jour où, par un concours de circonstances, le destin lui offre la chance de repartir à zéro.

Ce roman peut-être divisible en deux parties, Kassad, du blog Krinein, perçoit d’ailleurs ce récit comme « celui d’une mort suivie d’une renaissance ».
La première partie du roman résonne comme une dénonciation du rêve américain. Une manière de dire que non, l’argent ne fait pas le bonheur, la preuve. Bolcho, de Critiques Libres voit cet épisode comme une « description de l’écart entre les rêves de l’adolescence et les réalités de l’âge adulte ». Cette partie est à la fois fascinante et effrayante. On voit le héros sombrer dans son mal-être et on ne peut s’empêcher de vouloir savoir jusqu’où il ira. Mais, paradoxalement, on est terrorisé à l’idée de finir comme lui.
La seconde partie sonne davantage comme une rébellion. Nous ne devons pas nous soustraire aux obligations imposées par la vie. Selon Douglas Kennedy, il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves. Cependant, cette partie tient plus d’un scénario de film que d’un récit s’inspirant de la vie réelle. Alors, bien que cela nous tienne en haleine, pendant plus de la moitié du livre, cet extrait semble irréaliste.

Pour la qualité de son écriture, Douglas Kennedy est fidèle à lui-même. Comme dans ses autres œuvres, on découvre un style simple qui permet une concentration totale sur le fond. Le récit est constitué de trois rythmes différents, un par partie : la première montre la lassitude du personnage, son envie de s’enfuir. L’écriture est lente, répétitive, à l’image du quotidien du héros. La rupture est rapide, digne d’un thriller, tout est calculé. La troisième partie est plus lente, mais cette fois-ci, elle fait écho à une respiration, comme un « je suis libre, enfin ». Cette liberté se ressent d’autant plus lorsque l’auteur nous décrit la pureté des paysages du Montana. La neige s’impose alors comme une page blanche, comme si le héros avait enfin le droit d’écrire sa propre histoire. « Un pays esseulé, qui renforçait l’impression d’avoir atteint à la géographie incommensurable, où les termes de limites, de frontières n’avaient plus de sens. »

Lucille Josse

Sources :
Critiques Libres : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/2529
Krinein : http://livres.krinein.com/homme-voulait-vivre-vie-l-/

Amélie Nothomb, Hygiène de l’assassin

Hygiène de l’assassin est un roman presque exclusivement composé de phases de dialogue. La version poche fait 222 pages constituées d’une écriture moyenne.

Pas de chapitre, le livre est morcelé suivant les différents dialogues que sont les quatre interviews. La partie la plus essentielle de ce roman est la rhétorique, celui-ci interroge également la façon dont la parole peut influencer le sens critique.

Le texte est créé de telle façon qu’il devient proche de la pièce de théâtre, avec, au début, une mise en contexte, puis le premier dialogue, suivi d’un deuxième dialogue, puis d’un troisième et ce n’est qu’après le quatrième dialogue qu’une dernière description du contexte est envisagée.

Prétextat Tach apprend qu’il ne lui reste que deux mois à vivre : s’ensuit une période durant laquelle il va rencontrer quatre journalistes, trois hommes et une femme, Nina. Son prénom sera d’ailleurs le seul connu parmi les journalistes, car c’est la seule qui réussira à marquer des points dans cet exercice de rhétorique.

Même si la description est relativement absente, la temporalité reste présente, ainsi, à chaque visite d’un journaliste, Amélie Nothomb nous rappelle la date, comme un double compte à rebours. Double ? Nous sommes plongés au coeur de la fin de vie de Prétextat Tach, mais aussi dans l’annonce d’une guerre imminente. Cela renforce l’attente de la fin, sera-t-elle celle du monde ou de Prétextat Tach ? Nous avons vu que ce roman traitait également de la manipulation, et, Prétextat Tach, dans cet « art », excelle : il n’est presque jamais sorti de chez lui et pourtant son aura est énorme. Tellement énorme qu’à chaque fois qu’un journaliste sort de chez lui, complètement abattu, ses collègues ne le soutiennent pas et se rangent du côté de Prétextat. Le lecteur lui-même n’arrive pas à cerner ce personnage qui oscille entre misogynie, méchanceté, réalisme presque fataliste, mépris et innocence.

Très peu de description dans ce roman, ce qui est habituel dans les œuvres d’Amélie Nothomb, et flagrant ici : la dialogue prend toute la place, même lorsque la narration par la description semblait inévitable. « Écrivain, assassin : deux aspects d’un même métier, deux conjugaisons d’un même verbe. » (p.142)

Livre composé d’une joute verbale vacillant entre manipulation, mauvaise foi et enquête policière.

Le titre de ce roman est également le titre du seul livre autobiographique et inachevé du personnage principal.

Ysé RAOUX

Liens externes :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hygi%C3%A8ne_de_l’assassin#Adaptation_au_cin.C3.A9ma

Diverses critiques :

http://www.senscritique.com/livre/Hygiene_de_l_assassin/critique/2447389

http://www.senscritique.com/livre/Hygiene_de_l_assassin/critique/42021534

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/1021

Au coeur de l’Alaska

« Le véritable sens réside dans les expériences, les souvenirs, la grande joie de vivre pleinement ». Avril 1992 : Chris McCandless part pour l’Alaska en auto-stop. Il y trouvera la mort quatre mois plus tard à l’âge de vingt-quatre ans, dans un autobus abandonné où il avait élu domicile.
C’est son histoire que le journaliste Jon Krakauer décide de nous narrer dans son roman Into The Wild : Voyage au bout de la solitude. Qu’est ce qui a poussé ce jeune homme tout juste diplômé, issu d’une famille aisé de Washington à tout quitter pour une nouvelle vie d’errance sur les routes ? Qu’était-il parti chercher au cœur des forêts d’Alaska ? Construit comme un reportage, l’auteur nous invite à enquêter avec lui sur la vie tragique et hors du commun du mystérieux Christopher McCandless. Était-il un génie incompris ? Un idéaliste naïf ? Un complet inconscient ? Le roman ne porte pas de jugement et, dans la pure tradition de l’écriture journalistique, se veut le plus objectif possible. À travers des témoignages de sa famille ou de ceux qui l’ont croisé pendant son périple vers le Grand Nord, et d’extraits de son journal, Krakauer cherche à dresser le portrait le plus fidèle possible de celui qui s’était rebaptisé lui-même « Alexandre Supertramp », ce « voyageur esthète dont le domicile est la route ».
Into The Wild emmène le lecteur dans un voyage magique à travers l’Amérique sauvage et les paysages glacés impitoyables de l’Alaska. Le récit est ponctué de citations, d’extraits d’œuvres que Chris a lu lors de son périple et qui l’ont marqué, comme celles de Jack London ou de Tolstoï. Quelque soit l’opinion que l’on ait sur McCandless, il n’empêche que ce personnage fascine et impressionne, par sa détermination et même une certaine forme de courage. Son expérience dramatique nous appelle à remettre en cause notre propre vie et nos convictions : seriez vous, comme lui, prêt à tout quitter pour vivre votre vie pleinement, jusqu’au bout ? Et qui vous en empêche ?

Into The Wild : Voyage au bout de la solitude, Jon Krakauer, éditions 10/18

Solène MARTEAU

Différentes saisons de Stephen King

Quatre saisons, quatre histoires, quatre ambiances. Le maître de l’horreur et du fantastique nous livre ici un recueil de nouvelles très différentes les unes des autres. À chaque histoire correspond une atmosphère. Espoir, éternel printemps ; Été de corruption ; L’automne de l’innocence ; Un conte d’hiver.
Si l’auteur a laissé de côté le fantastique pour les trois premières histoires, l’horreur et le suspens sont présents tout au long du roman. La réalité dans laquelle se déroule ces nouvelles est effrayante et n’est pourtant pas inconnue. Dans Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank Stephen King s’attaque à la justice américaine et dénonce, plus particulièrement, le système carcéral de son pays.
La nouvelle Un élève doué nous ramène 25 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. L’histoire d’un ancien soldat nazi y est racontée très crûment. Si le jeune adolescent à qui est destiné le récit écoute attentivement tous ses propos, le lecteur peut vite être choqué par ce qu’il lit. Mais n’en attendions-nous pas moins du maître de l’horreur ?
Après un été étouffant, l’automne nous semble bien innocent. Le corps est l’histoire de quatre garçons qui partent à l’aventure pour voir un cadavre. Le trajet sera synonyme d’apprentissage (de soi et des autres) pour les garçons et signe également le passage de l’enfance à l’âge adulte.
Le quatrième et dernier récit a valu à son auteur le prix British Fantasy de la meilleure nouvelle en 1983. Stephen King écrit sur un étrange club de lecture dont les membres aiment se raconter des histoires souvent macabres. L’un d’eux, ancien médecin, décrit sa rencontre avec une jeune patiente prête à accoucher dans n’importe quelles circonstances. Le côté surnaturel de La méthode respiratoire ne représente qu’une petite partie de l’histoire. Le reste se concentre sur le récit du personnage principal et du mystérieux club.
Plusieurs de ces nouvelles ont été adaptées au cinéma. Frank Darabont, grand fan du travail de King, a adapté la première histoire au cinéma sous le titre Les évadés (1994). Le malaise éprouvé en lisant Un élève doué se ressent également dans le film éponyme de Bryan Singer sorti en 1998. Le voyage initiatique de la troisième nouvelle a été retranscrit au cinéma par Rob Reiner sous le nom de Stand by Me en 1986.
La différence entre les histoires, très éloignées les unes des autres, peut parfois décontenancer le lecteur qui préférera, peut-être, la douceur du printemps à la chaleur pesante de l’été, ou encore la naïveté de l’automne à la froideur de l’hiver.
Comme dans la plupart de ses romans, Stephen King arrive à nous horrifier. Mais ce que j’apprécie dans Différentes saisons, c’est que l’auteur nous ramène également à nos propres peurs avec des histoires psychologiques ainsi que des personnes ordinaires aux aventures réalistes.

Camille Choloux

Sitographie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Diff%C3%A9rentes_Saisons
http://livre.fnac.com/a1590648/Stephen-King-Differentes-saisons

http://www.babelio.com/livres/King-Differentes-saisons/7031
http://stephenking.com/library/story_collection/different_seasons.html
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=2495.html
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=11736.html
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=15561.html

Le cercle des menteurs

Le cercle des menteurs c’est l’histoire de la sagesse. La sagesse du temps, des cultures, de l’histoire. A travers une multitude de contes du monde entier, Jean Claude Carrière retrace l’évolution du questionnement humain. Plus simplement, ce sont une multitude de contes, souvent drôles, parfois émouvants mais jamais pessimistes. Une bouffée d’air frais !

L’avantage de ce livre est qu’il convient à tous les types de lecteurs, les passionnés comme les réticents. Les contes excèdent rarement 3 pages et la plupart sont longs de quelques lignes. La lecture ne se fait pas d’une seule traite, mais petit à petit. On peut le prendre, le poser et recommencer à le lire 3 mois plus tard. Le cercle des menteurs se laisse découvrir à notre rythme. Il est divisé en 21 parties qui portent toutes des titres plus ou moins énigmatiques tels que «  le pouvoir est fragile, donc inquiet, donc hésitant, donc incohérent, donc contesté, donc fragile. » Ces contes donnent une réponse aux questions que l’on s’est tous posées un jour, « ils disent des vérités que seuls les menteurs connaissent » car comme l’exprime la maison d’édition Plon : « les conteurs sont arrivés et ont inventé les histoires. Ils furent les premiers menteurs, suivis de beaucoup d’autres. ». Ces histoires permettent de répondre aux interrogations des hommes et sont « pareilles à des vers de terre qui, dit-on, fécondent la terre qu’ils traversent aveuglément, les histoires passent de bouche à oreille et disent, depuis longtemps, ce que rien d’autre ne peut dire » exprime Jean Claude Carrière dans son œuvre.

Ce livre au titre intrigant révèle des histoires philosophiques pleines de tolérance et d’humour. C’est un livre qui fait du bien à soi et au monde. Et rien que pour le plaisir, voici un conte extrait de l’œuvre de Jean-Claude Carrière :

« Un rabbin demande à ses étudiants :
– Comment sait-on que la nuit s’est achevée et que le jour se lève ?
– Au fait qu’on peut reconnaître un mouton d’un chien, dit un étudiant.
– Non, ce n’est pas la bonne réponse, dit le rabbin.
– Au fait , dit un autre, qu’on peut reconnaître un figuier d’un olivier.
– Non, dit le rabbin. Ce n’est pas la bonne réponse.
– Alors comment le sait-on ?
– Quand nous regardons un visage inconnu, un étranger, et que nous voyons qu’il est notre frère, à ce moment-là le jour s’est levé »

Poutier Clara

Harry Potter, J.K. Rowling

J’ai six ans, je déteste Harry Potter. Je ne le connais pas, mais il m’agace. Ma copine Léa s’extasie parce que sa maman lui a acheté la brosse à dents électrique avec Harry dessus. Pourquoi tout le monde l’aime Harry ? Pourquoi tout à coup, les enfants ne parlent que de lui ?

J’ai sept ans, j’aime Harry Potter. J’ai regardé le film avec Léa et j’ai acheté le livre. J’aime parce que Poudlard c’est magique. J’aime parce qu’Harry est un héros. J’aime parce qu’il y a les gentils, et puis il y a les méchants. J’aime la fantaisie, les grenouilles en chocolats et les tableaux qui parlent. J’aime penser que tout est possible.

J’ai neuf ans, j’attends Harry Potter. Le dernier tome doit sortir bientôt. Je relis les premiers livres tous les soirs avant de me coucher pour patienter. J’aime Harry Potter parce qu’il m’aide à m’endormir. J’oublie mes petits problèmes et je pense aux grandes choses. A l’amour, au courage, à la justice. Comme Harry, je commence à faire mes choix, à défendre ce qui me parait important. Je n’ai pas son courage, mais j’essaye. Je voudrais avoir l’intelligence d’Hermione et la loyauté de Ron.

J’ai douze ans, Harry Potter est toujours au fond de mon cartable. Au collège, je dans la salle d’étude, Harry Potter et rien d’autre. Je relis encore parce que je n’ai pas tout vu. J’évolue et l’histoire aussi. Le gentil n’est plus vraiment gentil, le méchant n’est plus vraiment méchant. Quand on devient adolescent, tout n’est plus si simple.

J’ai quinze ans, il m’arrive parfois de relire quelques chapitres, pour retrouver tout ça. Tout ça, c’est une odeur, celle de mes vieux livres abîmés. C’est une nostalgie joyeuse. C’est ma première nuit blanche, passée à avaler le dernier roman, ou mes lectures clandestines, cachée derrière un classeur dans le fond de la classe. Ce sont des débats avec les copains, des chaussettes ornées de vifs d’or devenues trop petites, des kilomètres en voiture passés le nez dans un livre.

Aujourd’hui j’ai dix-sept ans, on me demande de parler d’un livre qui m’a marquée. Je choisis l’histoire qui m’a passionnée, le livre qui m’a donné le goût des livres. Je fais partie de la génération Harry Potter.

« Depuis Harry Potter, […] on s’est rendu compte que les ados pouvaient lire des livres de plusieurs centaines de pages. Ils lisent moins de classiques mais ils sont capables de lire beaucoup si cela les passionne. »*

 

Laure Madelaine

*Sophie Vassalo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil.
http://www.apprentis-auteuil.org/actualites/dossiers/les-ados-et-la-lecture/generation-harry-potter/news-cat/dossiers.html

http://jeunesse.lille3.free.fr/article.php3?id_article=812

L’alchimiste

L’Alchimiste, une invitation au voyage

« Il se nommait Santiago. Le jour déclinait lorsqu’il arriva, avec son troupeau, devant une vieille église abandonnée. Le toit s’était écroulé depuis bien longtemps, et un énorme sycomore avait grandi à l’emplacement où se trouvait autrefois la sacristie ». Voici la manière dont nous entrons dans l’univers merveilleux de L’Alchimiste.

Paru en 1988 aux Éditions « J’ai lu », le second roman de Paulo Coelho a connu un véritable succès à travers le monde. Romancé par le brésilien Paulo Coelho, L‘Alchimiste est un conte philosophique narrant l’histoire de Santiago, un andalou devenu berger dans l’objectif de partir à la découverte du monde. Suite à la répétition d’un rêve dans lequel il découvre un trésor aux pieds des pyramides d’Égypte, le héros va rencontrer un alchimiste qui va lui permettre de partir en quête de celui-ci. Débute pour le jeune homme un long voyage durant lequel il part à la recherche de son trésor mais avant-tout à la recherche de lui-même.

Cet ouvrage est «  destiné à l’enfant qui sommeille en chaque être ». En grandissant, nous avons tous abandonné certains de nos rêves d’enfant. Cet ouvrage au caractère enfantin nous pousse à les poursuivre même s’il ne s’agit que de chimères : « C’est justement la possibilité de réaliser ses rêves qui rend la vie intéressante. » L’Alchimiste nous enseigne que :« Le chemin est aussi important que le but à atteindre ».

Pour parvenir au trésor, Santiago rencontre de nombreux obstacles matériels et émotionnels qui lui donnent parfois l’envie de tout abandonner. Toutefois, il persévère et poursuit sa quête. Pour quelle raison ? Car : « Quand tu veux quelque chose, tout l’Univers conspire à te permettre de réaliser ton désir ».

« Philosophique » est un terme approprié pour qualifier ce conte car des sujets fondamentaux y sont abordés, tels que l’amour et le destin (qui n’est autre que «  la plus grande imposture du Monde » .) L’Alchimiste, c’est une méditation sur soi, un message d’espoir, une véritable mine de ressources et d’énergie. Les pensées réfléchies de l’auteur sont parfaitement retranscrites par la poésie du langage. La lecture de cet ouvrage est un véritable plaisir, une évasion, une invitation au voyage de Paulo Coelho.

Savannah CERVEAU

N’oublier Jamais

« Vous croisez au bord d’une falaise une jolie fille? Ne lui tendez pas la main! On pourrait croire que vous l’avez poussée. »

« La version des flics vous semblera tellement plus acceptable. Vous verrez, vous aussi vous allez douter. Jusqu’au bout. Vous reviendrez au début de ce récit, vous relirez ces lignes et vous penserez que je suis fou, que je vous tends un piège. Je vous demande juste une chose, me faire confiance. Jusqu’au bout.

Tout se terminera bien, vous verrez. »

Ci-dessus, des mots que le protagoniste en personne nous adresse. Ce protagoniste, c’est Jamal. Jamal Salaoui, unijambiste. Jamal, accablé par les forces de l’ordre. Accablé d’avoir violé. Accablé d’avoir étranglé – avec une écharpe rouge – puis jeté du haut d’une falaise de Yport, en Normandie, une jeune femme. Il est le suspect idéal.

Sa version ? Il ne l’a jamais touché, l’a surprise au bord de la falaise, en détresse, lui a tendu une écharpe trouvée sur son trajet de course quotidien, pour finalement la voir disparaître dans le vide, l’écharpe dans la main.

Dans ce thriller, Michel Bussi nous tient en haleine. Véritable page-turner, l’histoire embarque son lecteur. Et c’est par l’insertion de plusieurs rapport de police tout au long de son récit, qu’il tente de nous éclairer sur les véritables faits.

Manipulation. Bouleversement. Espoir. Idéal. Quête. Enquête. Anagrammes. Valeurs. Liens. Partage. Fuite. Tant de points qu’aborde avec habilité Bussi.

Avec ses mots et ses descriptions il nous transporte aisément en Normandie, à Yport et nous fait découvrir les falaises d’Etretat. Un roman en perpétuel questionnement : le protagoniste se pose multitude de question, nous-même lecteur ne savons plus sur quel pied danser, et tous les chapitres sont formulés sous forme de question rhétorique : « Me faire confiance jusqu’au bout? Jusqu’à oublier ma douleur? Comment est-ce possible? Qui pourrait me croire? » Malgré de nombreux indices sur le dénouement glissés dans le roman, il est difficile d’en prendre conscience tant le livre se dévore. C’est alors plusieurs twists finaux qui surprennent tant par leur évidence que par leur invraisemblance.

« Un coffre-fort à percer. »

Amandine Fernandez

Seul sur Mars

Seul sur mars est  un roman de « Hard science-fiction ». C’est-à-dire que le cadre de l’histoire reste futuriste (dans un futur proche pour ce roman) mais les technologies utilisées sont propres à l’époque. De ce fait Seul sur Mars est un roman très réaliste ; l’auteur s’est énormément documenté et décrit avec précision et avec beaucoup de termes techniques les « aventures » de Mark Watney ; ce qui rend l’histoire tout à fait plausible. Des experts se sont penchés sur certains points, et ils ont relevé des incohérences dans ce qu’écrit l’auteur. Par exemple, l’équipage est contraint d’abandonner Mark Watney à cause d’une tempête de sable. Une tempête de sable qui normalement, avec l’atmosphère de Mars, n’aurait eu l’effet d’une simple brise. Néanmoins Andy Weir aurait volontairement choisi ces incohérences, pour construire son récit. Compte tenu de toutes les subtilités techniques présentes, il aurait semblé étrange que l’auteur laisse une telle « erreur scientifique ».

 

Tout d’abord, l’énorme problème de ce roman est son public ; en effet, l’abondance de termes et descriptions techniques peuvent en rebuter plus d’un. Les explications sont parfois longues et très pointues, ce qui fait que certains passages sont très lassant, voir impossible à lire pour ceux qui n’aiment pas le domaine scientifique ou qui n’apprécient pas ce thème dans un roman. De plus l’histoire est assez monotone, on assiste à la lutte d’un homme pour sa survie sur Mars. L’ensemble du livre présente des problèmes qui s’oppose à la survie de Watney et comment il s’y prend pour les surmonter. En dehors de la forme, le fond présente également quelques aspects négatifs. Il n’y a peu, voir pas de style dans l’écriture de l’auteur. Il écrit plus comme le ferait un journaliste, avec plus de précision que de beauté. De plus, il n’y a pas de profondeur des personnages. Hormis le héro, tout les autres sont définis et ont leur utilité par leurs professions.

Cependant, ce roman présente beaucoup de qualités, à commencer par son genre. Il y a énormément de suspens et cela rend la possible monotonie du récit bien moins grande. Le fait de ne pas être un « scientifique » n’est pas pour moi un obstacle, je pense même que cela peut être un avantage car on a encore plus l’impression que l’histoire est plausible. De plus Wandy Weir s’est appliqué à effectuer des changements de narrations pour rendre l’histoire moins ennuyante. On sait par exemple quels sont sur Terre tous les moyens mis en œuvre pour le ramener sein et sauf. Même si les personnages ne sont pas très complexes, on s’attache au héro, celui-si est très humain et déborde d’humour. On assiste à des moments de résignations et d’autres assez amusants.*

Pour conclure, je dirais que le livre présente à la foi des points pour le détester et d’autres pour l’adorer. Il ne faut pas néanmoins s’arrêter sur sa première impression, n’étant pas friand de ce genre de littérature je l’ai pourtant apprécié.

Une vie Ailleurs, Gabrielle Zevin

Qui ne rêve pas de prendre un nouveau départ ? 

Une vie Ailleurs, de Gabrielle Zevin, éd. Albin Michel, 2005.

« Le bébé -une fille- est né à 6h24 du matin.

Elle pèse tout juste trois kilos.

La mère prend le bébé dans ses bras et lui demande :

-Qui es-tu, ma toute petite ?

Et en guise de réponse, ce bébé, qui est Liz sans être Liz, éclate de rire. »

Une fin qui ouvre sur un début, tout comme un début qui commence par une fin. C‘est l’éternel recommencement de la vie qui est exprimé ici par l’auteur. Une nouvelle vie qui se déroule sur Ailleurs, le monde des morts, où les gens rajeunissent jusqu’à redevenir les bébés prêts à retourner sur Terre. Si certains sont heureux de profiter d’une deuxième chance, d’autres non. Et c‘est le cas de Liz, personnage principal de cette histoire, morte à 15 ans.

« C’était déjà horrible d’être morte avant d’avoir pu faire quoi que ce soit de rigolo, voilà qu’elle allait devoir revivre toute sa vie à l’envers jusqu’à redevenir un crétin de bébé pleurnicheur. »

Dans son premier roman destiné à la jeunesse, Gabrielle Zevin aborde un sujet délicat avec finesse, le décès d’une adolescente. L’auteur de 27 ans, au travers de ces 300 pages, nous parle d’amour et de redécouverte de soi avec beaucoup de poésie. Une histoire aussi magique et captivante qu’une boule à neige, des scènes étranges et drôles, des personnages hauts en couleurs et une écriture sensible et délicate nous entraînent dans ce monde parallèle où tout ce que nous connaissons est remis en question. Ainsi, les plus vieux ont tout à apprendre et les jeunes gens sont en fait des sages.

« Je me représente la chose comme un arbre, parce que tout arbre est en réalité deux arbres. Il y a l’arbre avec ses branches que tout le monde voit, et puis il y a l’arbre à l’envers avec ses racines, qui pousse dans l’autre sens. La Terre correspond aux branches, qui poussent vers le ciel, et Ailleurs correspond aux racines, qui poussent vers le bas de manière parfaitement symétrique. Les branches ne pensent pas beaucoup aux racines, et peut-être les racines ne pensent-elles pas beaucoup aux branches, il n’en demeure pas moins qu’elles sont reliées par le tronc, tu comprends ? Même si la distance paraît longue des racines aux branches, elle ne l’est pas tant que ça. » Betty, grand-mère maternelle de Liz, 34 ans sur Ailleurs.

C’est à se demander où se passe la vraie vie.

Ambre Payen-Gallen

Renseignements :

http://www.albin-michel.fr/Une-vie-ailleurs-EAN=9782226157867

http://gabriellezevin.com/ya/elsewhere/

Citations et avis de lecteurs :

http://dorisbouquine.canalblog.com/archives/2015/07/28/32400245.html

http://www.babelio.com/livres/Zevin-Une-vie-ailleurs/8684

http://regina-falange.skyrock.com/2003208679-Une-vie-Ailleurs-Gabrielle-Zevin.html

Rhett Butler & Scarlett O’Hara : héros d’un Sud glorifié par Margaret Mitchell

1936. Année de publication du livre qui fonda le mythe du vieux Sud américain : ladies et gentlemen, robes à crinolines, esclaves récoltant le coton dans les champs, Ku Klux Klan… le chef-d’œuvre de Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent a fait succomber toute une génération de femmes pendant la Seconde Guerre Mondiale. Depuis, adapté en film avec Clark Gable et Vivien Leigh pour têtes d’affiche, Autant en emporte le vent demeure une œuvre de référence, toute fois controversée pour sa véracité historique et son éloge de l’esclavagisme. Mais ce dont je voudrais partager avec vous, chers lecteurs, c’est l’un des pourquois de l’existence du roman : l’histoire d’amour entre les deux protagonistes, Rhett et Scarlett (ATTENTION SPOILERS).
À vrai dire, je n’ai lu véritablement le roman qu’à partir du moment où Rhett demande Scarlett en mariage. Nous étudiions cette œuvre en cours de littérature étrangère, et je dois admettre que j’étais fascinée par les indices que l’auteure avait semé tout au long du passage, pour souligner à quel point Rhett convoite Scarlett. Il la désire de tout son être, malgré ses défauts, son amour sans fin pour Ashley et le fait qu’elle n’accepte sa proposition uniquement pour son argent. Et tout ça non seulement parce qu’il la désire, mais aussi parce qu’il l’aime, d’un amour profond et sans limite.
Cependant, l’amour que Scarlett croit ressentir pour Ashley donne une certaine pesanteur tout en constituant la trame principal du roman, puisque Scarlett fera tout pour le conquérir jusqu’à la fin. En tant que lecteurs, nous demeurons agacés et frustrés tout au long de l’histoire à cause de cet amour, et quand vient la fin, nous sentons toute cette frustration se muer en irritation puisque l’héroïne devient lucide sur ses sentiments seulement une dizaine de pages avant la fin du roman ! C’est à dire que, pendant les trois premiers quarts du roman, Scarlett est aveuglée par un amour parfait de petite fille, alors que nous, lecteurs nous ne cessons de ruminer et de pester en voyant qu’elle a Rhett à ses pieds depuis leur rencontre !
Malgré cela, aujourd’hui encore, dès que l’hymne du générique retentit, c’est le cœur de centaine de femmes conquises qui se réveille. L’engouement est encore tel que, chaque année à Atlanta, ont lieu des rassemblements de fans, les Windies, toutes vêtues en tenues d’époque ou parées dans l’une des somptueuses robes dans lesquelles Vivien Leigh apparaît, faisant ainsi l’éloge d’une époque où le Sud brillait encore…

Charline GAUTIER

La faute de l’abbé Mouret, Emile Zola

« Jamais nous ne pourrons tout voir, dit Serge, la main tendue, avec un sourire. C’est ici qu’il doit être bon de s’asseoir, dans l’odeur qui monte. »

En effet. Tout ce que vous décrira Émile Zola, vous ne pourrez jamais tout voir, jamais tout imaginer. Les chants des oiseaux, le bruissement des feuilles, les multiples couleurs des fleurs, leurs senteurs, la douceur de l’herbe, les pierres irrégulières sous les pieds,… Tous nos sens sont mis en éveil.

D’une foi inébranlable à un retour en enfance, en passant par le doute, de lointains souvenirs puis le reniement, nous suivons l’histoire de Serge, un abbé, comme une revisite de la Genèse. Tout s’y trouve. Jusqu’à la trame bien ficelée sur fond de péché originel qui chassera l’homme et la femme du paradis, ici prenant la forme d’un jardin : le Paradou. Ce récit est rempli de correspondances ; entre la Bible et le roman, entre tous nos sens, entre Serge et le lecteur. Cela en devient impressionnant, intrigant, voire perturbant. Cet univers semble réel, si proche de nous, avec ces longues descriptions si précises que nous livre Zola. C’est un livre admirablement structuré, qui monte en puissance, qui enivre tel un parfum.

Posez-vous donc, livre en main, en un lieu calme ou non car le récit vous emportera de toutes manières dans son univers si frais, si pur, innocent et pourtant chargé de sens. Laissez-vous ensuite porter, ressentez chaque mot, imaginez les formes, les senteurs, les sons de ceux qui vous sont inconnus. Immergez-vous dans cet univers créé de toutes pièces par votre imagination, inspiré par les mots de Zola.

« Le prêtre semblait ne plus entendre. Il s’était remis en prières, demandant au ciel le courage des saints. Avant d’engager la lutte suprême, il s’armait des épées flamboyantes de la foi. Un instant, il craignit de faiblir. Il lui avait fallu un héroïsme de martyr pour laisser ses genoux collés à la dalle, pendant que chaque mot d’Albine l’appelait : son cœur allait vers elle, tout son sang se soulevait, le jetait dans ses bras. » Ce extrait exprime bien les dilemmes présents tout au long du roman, mais dont le personnage ne prend conscience qu’à la fin. Les forces, les convictions se confrontent, et le lecteur en avait presque oublié les fonctions de prêtre du personnage principal, plongé dans l’histoire naissante entre celui-ci et Albine, une jeune fille pleine de vie. Le rappel à la réalité est dur, brusque, mais sonne comme un soulagement, une vérité toujours cachée que l’on n’attendait plus. Le combat entre la religion est l’amour est ainsi admirablement mené, retranscrit dans ces 404 pages du roman de Émile Zola, La faute de l’abbé Mouret.

Morgane BERNIER

Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski, Crime et châtiment

 

Édition Flammarion (2010)

Traduction et présentation de Pierre Pascal

Contient une interview avec Jean-Phillippe Toussaint

« Si l’homme n’est pas lâche, il doit fouler aux pieds toutes les craintes, tous les préjugés qui l’arrêtent ! ».

Convaincue qu’un individu peut tuer dans un noble but : satisfaire un idéal de justice, Raskolnikov, étudiant vaniteux, nihiliste et adepte de la théorie du « surhomme », se met en tête de supprimer une usurière peu scrupuleuse qui, selon lui, fait partie de cette sous catégorie d’individus qui gangrènent la société.

Assuré de la supériorité de son intellect et de son raisonnement, c’est avec détermination qu’il organise le châtiment de la vieille femme.

Mais sitôt le coup asséné, c’est la folie qui s’empare de lui. Incapable d’assumer son acte et d’aller au bout de son dessin, Raskolnikov devient misérable et ridicule, un simple criminel et non pas ce Napoléon prodigieux qu’il aspirait à devenir.

« Ai-je vraiment tué la vieille ? C’est moi que j’ai assassiné, moi et pas elle, moi-même, et je me suis perdu à jamais… Quant à la vieille, c’est le diable qui l’a tuée et pas moi… ».

Autant de réflexions incessantes, qui le feront osciller entre crises de démence et paranoïa, mises en scène par des monologues intérieurs grandioses.

Bien plus qu’un roman psychologique, Crime et châtiment revêt des allures de roman policier : tantôt principal suspect, tantôt enquêteur, Raskolnikov – mais nous aussi, lecteurs – sommes pris dans une enquête haletante déroulée avec finesse et intelligence, donnant lieu à des dialogues nourris entre un juge peu conventionnel et le suspect, qui nous absorbent et nous passionnent.

Une enquête s’articulant autour d’un coupable connu dès le début mais dont l’issue semble incertaine : Raskolnikov s’engagera t-il sur le chemin de la rédemption en expiant son crime ? Ou bien sombrera t-il dans la folie face à ce fardeau trop lourd à porter ?

Dostoïevski explore l’âme humaine avec brio. C’est avec frénésie et une grande précision qu’il nous dresse le portrait des ces individus parfois pieux, parfois vicieux, mais d’une épaisseur et d’une densité particulière, donnant cette saveur unique au roman. Une expérience déroutante mais non moins jubilatoire. L’histoire d’un homme ordinaire ayant voulu flirter avec l’extraordinaire.

Jessyca Poupin

Pour aller plus loin :

Extrait de l’interview de l’écrivain, Jean-Philippe Toussaint, sur Crime et châtiment:

http://www.enseignants-flammarion.fr/articles_detail.cfm?id=1239

Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi.

« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, mais parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. » Sénèque

*

Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi est le dernier tome d’une trilogie de Katherine Pancol. Fort de ces 600 pages, il nous plonge encore une fois au cœur du quotidien d’une grande famille recomposée.

Nous voyageons ainsi de Londres à Paris, tout en passant par Central Park pour trouver ces écureuils, tristes, le lundi.

*

En lisant des critiques sur cet ouvrage, j’ai pu me rendre compte que le découpage des chapitres semblait être un point sensible : «  A force de se promener dans le cerveau de tout le monde, on est dans la tête de personne. » écrivit un internaute. L’errance du lecteur entre les différents personnages et les chapitres m’a semblé légitime. Puis, j’ai discerné ce petit symbole, ce petit signe au milieu du blanc d’une page… L’astérisque.

Lorsque la narration change, l’astérisque apparaît et nous permet de marquer une pause. D’effectuer un changement.

*

Le faiblesse pour certains et la force pour moi de ce bouquin est sa simplicité. L’histoire d’un quotidien presque lambda. Les premiers pas d’un nouveau-né, la découverte de l’amour, l’inquiétude d’une mère pour ses enfants, l’apprentissage de la vie à tout âge, les aléas, la fuite, l’envie, l’inquiétude, l’amour, la colère, le peur, la solitude face aux étoiles dans l’immensité d’une nuit noire… Voilà ce qui m’a charmé. Voilà ce qui me tenait en haleine chaque soir et qui parfois m’a fait relativiser les faits de ma propre vie. La vie est pleine d’obstacles à franchir, de ravins à éviter et de chutes douloureuses d’où il faudra se relever.

La vie est en constante évolution. Chaque rencontre, chaque rayon de soleil et chaque instant, aussi éphémère soient-ils est un cadeau.

*

« Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi »  publié en 2010, fut traduit dans 29 pays et plus de 6,5 millions d’exemplaires furent vendus en France.

Le premier tome à été adapté au cinéma par Cécile Telerman en 2014.

*

Un internaute disait à propos de ce livre et des critiques l’entourant : « Ce qui plaît à un n’est pas forcément ce qui plaît à l’autre. ». N’aurions nous pas un beau résumé de notre vie, de nos journées, de nos choix ?

L’Humanité est belle. Montrons-le.

*

Charlotte Lemaître

« Je suis une légende. »

« Je suis une légende », le film vous dites ?

« Et après la lecture j’ai envie de dire : Wahou ! » Lecteur sur Babelio

Eh bien…non. Car en effet je doute que Will Smith ait tourné en 1964 : date de sortie de livre, oui, du livre, dont je vais vous parler.
Ecrit par la fine plume de Richard Matheson et édité aux éditions Denoël, ce roman de science-fiction est la base qui a inspiré le film bien connu. C’est d’ailleurs grâce à ce dernier que ce petit livre de 228 pages est sorti de l’ombre des rayons Présence du futur de chez Denoël (traduit par Nathalie Serval).

« La morale, après tout, avait sombré en même temps que la société. Désormais, il était son propre juge. Pratique, comme excuse, non ? Toi, la ferme. »

Aux amateurs du « le livre est mieux… », vous allez être servi, car peu de comparaisons peuvent être faites entre les deux œuvres. Le roman de Matheson, mettant en scène l’attachant Robert Neville, évolue dans un univers sombre où Robert, dernier survivant de la race humaine, n’est pas le plus grand héros que la terre ait porté, à l’inverse, c’est un monsieur tout le monde : et autant vous le dire tout de suite, le pauvre est dans une belle panade !
Robert veut vivre, n’a plus beaucoup de raisons : Robert boit, écoute la Troisième mais aussi la Neuvième symphonie de Beethoven, récolte de l’ail, cloue des planches aux fenêtres, confectionne des pieux, sort la journée mais rentre à la nuit tombée, puis Robert attend. Robert est la légende, car chaque nuit devient pour lui un cauchemar, car chaque nuit, une société qui ne veut pas de lui le poursuit, car chaque nuit lui rappelle qu’il est l’ultime survivant d’une espèce désormais légendaire.

« C’est la majorité qui définit la norme, non les individus isolés »

Dans une cité vidée de toute trace de vie par une étrange épidémie, survivre, face à la soif de sang des vampires qui le traquent, devient un combat qui vous envoutera page après page.
Ce n’est pas la découverte d’une douce promenade que je vous propose ici, c’est la lecture effrénée et intensive d’une course contre la mort, c’est une bataille pour la vie qu’un homme torturé doit mener seul. Face à des proches, face à des voix familières, face à un ancien collègue qui ne cesse de l’appeler nuit après nuit, lui murmurant de le rejoindre dans la mort, Robert doit échapper à cette horde aux visages de ses anciens voisins, ou de sa propre famille.

« Dehors, Ben Cortman appelait :
– Sors de là, Neville ! »

Eux qui ont soif de chair, ils vous donneront soif de lire.

Maz-Loumides Julia

No et moi, Delphine DE VIGAN

« Les choses sont toujours plus compliquées qu’il y paraît. Les choses sont ce qu’elles sont, et il y en a beaucoup contre lesquelles on ne peut rien. Voilà sans doute ce qu’il faut admettre pour devenir adulte». No et moi, c’est l’histoire de deux personnes que tout oppose. Lou, c’est une jeune fille surdouée de 13 ans, qui a la même réflexion qu’un adulte, issue d’une famille morcelée, mais elle possède un toit, une famille. No, 18 ans, est une jeune SDF, une jeune femme fragile qui n’a plus rien. Et pourtant, même si No c’est « une fille qui vit dans un autre monde », Lou et elle vont devenir amies, nécessaires l’une pour l’autre; c’est l’histoire d’une amitié très forte.

Plus qu’un simple roman, c’est une critique de notre société. Le point de vue précoce et tellement réaliste que pose Lou sur le monde qui l’entoure, qui nous entoure tous, permet au lecteur d’ouvrir les yeux et de voir différemment les choses. Ainsi, malgré son jeune âge on peut sans peine s’identifier à elle. En effet, à travers Lou, les choses sont dites telles qu’elles doivent être dites : « On est capable d’envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l’espace, d’identifier un criminel à partir d’un cheveu ou d’une minuscule particule de peau, de créer une tomate qui reste trois semaines au réfrigérateur sans prendre une ride, de faire tenir dans une puce microscopique des milliards d’informations. On est capable de laisser mourir des gens dans la rue». Son regard n’admet aucune fioritures qui rendraient les choses plus faciles à admettre ; c’est pour cette raison que ce roman est très marquant. Il nous fait passer des rires aux larmes en quelques instants.
Ce livre éveille au plus profond du lecteur un sentiment étrange, mêlant tristesse, incompréhension, joie, et même de la honte. Delphine De Vigan entraîne le lecteur dans son histoire, on se sent concerné parce-que ce n’est pas qu’une simple fiction mais une histoire basée sur le monde réel. Par le biais de ses personnages, elle raconte le quotidien de milliers de personnes. L’auteure nous fait prendre conscience du monde qui nous entoure par certaines phrases marquantes : « C’est fou ce que les choses peuvent avoir l’air normales en apparence. Si on se donne un peu de mal. Si on évite de soulever le tapis. Un peu plus on se croirait dans un monde parfait où tout finit toujours par s’arranger ». Après la lecture de ce roman, j’ai su que c’était l’une de ces histoires que l’on n’oublie pas !

Florentine SURLEAU

Maus: la réalité détournée de l’Holocauste

Maus est un témoignage implacable de la réalité de l’Holocauste et de son impact psychologique.

Maus c’est 312 pages à travers lesquelles Art Spiegelman transcrit avec une puissance et une sincérité rare, le témoignage cauchemardesque de ses parents Vladek et Anja.

Juifs polonais plutôt aisés, ils seront les premiers témoins de l’emprise grandissante du nazisme en Europe de l’Est, de la montée des persécutions, de l’angoisse qui s’installe dans la communauté juive. Malgré leurs efforts pour résister à l’inéluctable, le piège se refermera peu à peu sur eux. Internés dans le ghetto de Sosnowiec en 1942, ils seront déportés deux ans plus tard à Auschwitz. Par miracle, et grâce à la débrouillardise de Vladek, le couple survivra à l’horreur, pour mieux transmettre au fils la douloureuse histoire familiale.

Mais Maus sera pour Spiegelman un combat personnel et artistique mené pendant treize années, il sera l’un des premiers à se mettre en scène et illustrer ses difficultés. Il confiera à sa femme «Je me suis embarqué dans un truc qui me dépasse. Peut-être que je devrais tout laisser tomber. Il y a tant de choses que je n’arriverai pas à comprendre ou à visualiser. J’veux dire, la réalité est bien trop complexe pour une BD… Il faut tellement simplifier ou déformer.»

Le graphisme de l’ouvrage est ce qui lui donne de sa puissance. Le choix du noir charbonneux et des contrastes blancs peuvent ici, influencer la noirceur du récit et le rendre un peu plus supportable. Notamment avec cette réappropriation risquée, de l’inoffensive BD animalière pour mettre en scène, avec des souris et des chats, la plus indicible monstruosité du XXe siècle. Le génie de Spiegielman est d’avoir trouvé le juste milieu entre le sujet et son traitement. Ce monument de la bande dessinée fut le premier album à être récompensé et à recevoir le prestigieux prix Pulitzer.

Le seul reproche qu’on pourrait lui faire est le point de vue de Anja, sa mère, qui n’est pas développé, de nombreuses interrogations persistent : comment a-t-elle survécu à Auschwitz et, surtout, comment a-t-elle vécu l’après-guerre ?

En somme, Maus est peut-être l’un des livres les plus importants du XXe siècle de part le sujet qu’il traite mais également grâce au nouveau medium qu’il utilise et qu’il développera du fait de son succès: le roman graphique.

Caroline Le Com

Fiche de lecture : « blanche-neige et les lance-missiles » de Catherine Dufour

« Blanche-Neige et les lance-missiles »

Catherine Dufour

Édition Nestiveqnen, le livre de poche, Orbit

On connaît tous les contes de fées avec les princes et les princesses « qui se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Mais que se passe-t-il ensuite ? C’est Catherine Dufour qui a trouvé la réponse et qui nous la raconte en passant de « l’omelette de cul d’ange » au « feu dans les modules de driver ».

La première partie du livre, « les grands alcooliques divins », se déroule dans 3 mondes qui essaient de se dominer les uns les autres en se tapant dessus.

Au centre, on trouve la crêpe terrestre. Espace où cohabite les Ucklers, Aurore au bois dormant, et Peau d’âne avec sa chaussure de verre immettable, qui ne pensent qu’à se venger du destin que lui a donné sa marraine la bonne fée. On retrouve aussi Zrgoumphwz, La petite vareuse à capuche rouille, Cendrillon coincée dans un cercueil de verre avec une pomme empoisonnée en travers du gosier, Charles-Hubert mage éleveur de gragon qui est entre autre le prince de Cendrillon. Sans oublier, Blanche-Neige qui s’est auto-proclamée Impératrice d’Obestrum suite à la transformation de sa belle-mère en divers objets de décoration d’intérieure et qui ne veut plus jamais entendre parler de magie. Entre nains racistes et alcooliques, gragons, saucissons et pornochous, deux autres mondes veulent mettre la main sur la crêpe terrestre. Il y a le royaume du dessus et le purgatoire entretenus par Jésus, Gaphaël, Saint Pierre, Judamacabé, et quelques anges qui, pour passer le temps, foutent en l’air le destin de bon nombre d’innocents. Et il y a le royaume du dessous avec Mbalaoué, les diables, les démons ainsi que les spectres.

Dans la deuxième partie du livre, « l’ivresse des providers », nous sommes emmenés dans un monde plus moderne et plus réel. Il n’y a plus de miroir traumatisé et de princesses chevauchants des gragons. Ici nous retrouvons des spectres qui ont besoin de survivre dans la mort. Car en plus d’être mort, il faut qu’ils échappent à l’Ankou, la faucheuse spécialisée dans la découpe spectrale. Pour lui échapper, ils se réfugient dans le Web, mais il leur faudra aussi échapper aux Pacmans, à Bill Gate et à Will Door. Avec l’aide des fées de la Basse souche et d’une conceptrice de jeu de rôle, ils vont partir à l’aventure dans le monde cybernétique où tout peut être piraté, même la fin d’un livre.

« Catherine Dufour rend hommage à Terry Pratchett et aux Monty Python avec des contes de fées tels qu’on ne les a jamais lus ». Un livre rempli de gros mots, de résonance anticapitaliste et féministe. Bref, un livre rempli d’emmerdes pour des personnages extravagants. Un livre qui peut paraître fouillis et mal construit mais qui est rempli de « cyberréfèrence » et de drôlerie. À découvrir !

Naomi Arbert

 

Le loup

« Comme des tisons, mon gars, comme des tisons ça fait, les yeux du loup, la nuit. »

Le loup est un animal sauvage et réputé pour sa férocité.
Au Mercantour, les habitants du village ne sont pas très amoureux de ces animaux sauvages et poilus, et, quand on découvre la trace de la mâchoire d’une bête énorme sur la carcasse d’une bête au village, les villageois sont stupéfaits et pleins de haine, désirant éradiquer cette race aux yeux brûlants de rage.
Une vieille femme au village est certaine qu’ils ont affaire à un loup -garou…S’agit-t-il de vieilles légendes? Serait-elle folle ?

Lawrence, un homme grand et attirant, spécialiste renommé de grizzlis canadiens « s’incruste » (d’après le jargon des habitants) au Mercantour, fasciné par la meute des loups qui arpentent ses terres, accompagné de Camille, une jeune femme téméraire et très curieuse.
L’arrivée de Lawrence bouleverse les petites habitudes des villageois, et le loup se met à tuer…

Le commissaire Adamsberg, (personnage récurrent de l’auteure dans ses autres œuvres), découvre un le reportage qui parle des loups du Mercantour et des histoires surprenantes en relations, il entre en complète absorption de l’émission et semble bouleversé. On apprend alors qu’Adamsberg a connu Camille, et qu’elle fut importante pour lui, il y a des liens de partout, mais on ne rejoint pas les bouts.

Lawrence commence à enquêter de son côté, Camille aussi, et Soliman et le Veilleux décident de l’entraîner avec elle dans leur périple vengeur, car elle est la seule à pouvoir conduire la bétaillère de Suzanne.
Au fur et à mesure de l’histoire, on apprend à s’attacher aux personnages, à les découvrir et à accepter leur singularité, le trio formé par Camille, Soliman et le Veilleux est quasi irréaliste par leurs histoires, leurs motivations, et leurs caractère assez complémentaires.
Il y a un suspens permanent dans ce livre, on pressent qu’il est en train de se passer des événements dramatiques (des meurtres) qui seront révélés à la suite dans quelques pages,et qu’on est tout proche de cet homme « à l’envers », tantôt anonyme tantôt familier.

Rentrez dans cet univers tantôt calme, sombre et sinistre, tantôt drôle, absurde et décousu.
L’histoire est très prenante et il est réellement difficile de s’arrêter en pleine lecture.

Ce roman se démarque de la plupart des autres romans de Fred Vargas, par son intéressement aux personnages qu’on découvre dans le livre, alors qu’elle nous habitue dans ses autres œuvres à un rapport plus prononcé avec Adamsberg, le commissaire présent dans toutes les enquêtes qu’elle rédige.

La Reine Soleil

La Reine Soleil

L’aimée de Toutankhamon

Christian Jacq

« Qui veut gouverner autrui commence par se maîtriser soi-même »

Akhésa, elle est la troisième fille du couple royale Akhénaton, le pharaon maudit et Néfertiti. Elle devra entreprendre un voyage vers le pouvoir , dés le début du roman il est indiqué qu’elle est devenue une femme néanmoins elle est encore jeune (14ans). Elle voudrait prendre un jour la place de son père, avoir son héritage, dans le but de faire vivre l’œuvre du pharaon encore longtemps même après sa mort, mais elle n’est que la troisième de ses filles , donc pas l’héritière.

Puis elle assistera à la mort petit à petit de ses proches, lui permettant d’accéder au pouvoir au côté du jeune Toutankhamon qui sera follement épris d’elle. Mais avec la mort du pharaon Akhénaton, le culte d’Aton, du dieu unique, s’éteindra avec lui. Elle partira vers Thèbes, accompagné de son époux et de tous les anciens conseillers de son père et qui furent des personnes énigmatique de l’histoire égyptienne (Ay, Horemheb,Houy). Le culte vouait à Aton (Dieu solaire) sera remplacé par celui d’Amon (le dieu caché) et de tous les autres dieux existant, puisque Akhénaton croyait en un Dieu unique et ne souhaitait pas que son peuple croit en d’autres Dieux (Osiris,Hathor, Hapy…).

Akhésa, reste forte quoi qu’il lui arrive, même lorsqu’elle fit plusieurs fausses couches, ou qu’elle se fit trahir. Elle ne se défilera pas devant les prêtres de Thebes qui ne cherchait qu’a manipulé le jeune couple royale, cela fut certainement son erreur.

L’auteur arrive à nous faire voyager avec lui dans cette époque mystérieuse qu’est l’Egypte Antique.

La rivalité entre le général Horemheb et Akhésa est forte du début à la fin, principalement lorsqu’elle choisira Toutankhamon comme roi, le général se sent blessé car il souhaitait accéder au pouvoir. On peut se demander à un quelconque moment si Akhésa a eu des sentiments envers le général. Mais elle fait un choix sage, elle ne vivra que dans le but de réussir à faire de Toutankhamon un bon roi.

Après avoir fermé le livre, j’ai été déçu par la fin, laisser cette reine mûre, qui pourrait inspirer tant de personnes et qui était admirante par sa détermination. Et ce qui reste admirable c’est qu’après tout ce qu’il lui est arrivé, elle croit toujours en son père et souhaite ainsi disparaître dans sa cité, lieu où elle a toujours vécu.

Néanmoins on peut se demander si tous les faits qui ont été relatés par l’auteur n’étaient autres que de la fiction ou s’ils ont fait partie de l’histoire. Même avec cette question on arrive à s’imprégner des lieux (le temple de Karnak, la cité du soleil…), des coutumes et des croyances de ce pays (croire en chacun des dieux et que ces derniers peuvent influer sur la vie).

Alexis Robin

Sitographie :

http://www.allocine.fr/film/fichefilm-59400/secrets-tournage/

http://booknode.com/la_reine_soleil_015544/comments

22/11/63 de Stephen King

« Bien souvent, les réponses les plus simples dans la vie sont celles qui ne nous viennent pas aussitôt à l’esprit. »

Dans ce roman du grand maître du fantastique, nous suivons Jake Epping, un professeur d’Anglais banal qui vient de se faire larguer par sa femme. Du jour au lendemain, son meilleur ami mourant, Al, lui dévoile qu’il cache une faille temporelle dans la réserve de son restaurant. Il lui avoue également avoir consacré sa vie à un seul but : celui d’empêcher l’assassinat du Président Kennedy. But auquel il a échoué, après de nombreuses tentatives. Il demande alors à Jake de reprendre la relève, de mener à bien sa mission pour lui. Jake se sent obligé d’accepter, commence alors une folle aventure pour lui.

 

Stephen King manie à la perfection le sujet complexe qu’est le voyage dans le temps. Pour se faire, il a incorporé à son roman plusieurs règles assez faciles à comprendre.

La première concerne la faille temporelle, lorsque l’on emprunte cette dernière, on ne peut choisir ni la date ni le lieu où l’on souhaite se rendre. Toute personne traversant cette faille atterrira dans le Maine de 1958.

Aussi, peu importe le temps passé dans le passé (deux heures, six mois, trois ans…), il correspondra toujours à 2 minutes dans le présent.

Ensuite, à chaque passage de la faille pour se rendre dans le passé, tous les changements qui ont déjà été réalisés lors du passage précédent sont annulés. Tout repart donc à zéro.

Enfin, la dernière mais pas des moindres, la résistance du passé. Comme le dit Jake plusieurs fois tout au long du roman “Le passé est tenace, il ne veut pas être changé.”. Je vous laisse donc imaginer le nombre d’obstacles qui vont se trouver en travers de son chemin.

 

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le thème principal de ce roman n’est pas le voyage dans le temps. Celui-ci est plutôt un thème “périphérique” qui englobe le thème majeur à savoir la vie de Jake dans le passé. Car comme expliqué plus haut, la faille temporelle emmène en 1958, hors Kennedy est assassiné en 1963. Jake a donc 5 années à “perdre” dans le passé. On le suit à travers les liens qu’il va créer avec les personnes qui l’entourent quotidiennement. Il va également s’entrainer à changer le passé, par exemple en sauvant une jeune fille d’un accident, avant le grand jour. C’est aussi dans le passé qu’il rencontrera l’amour de sa vie, sujet qui occupe une grande partie du récit.

 

Ce roman est le premier Stephen King que j’ai lu. Je l’ai surtout choisi pour le côté voyage dans le temps dont je suis fan, et je n’ai absolument pas été déçue. Je me rappelle même être restée deux jours à ne rien faire d’autre que lire, tellement j’étais plongée dans l’histoire. Cette sensation de ne pas pouvoir lâcher un livre ne s’est jamais reproduite depuis.

J’ai trouvé le côté historique du roman vraiment très intéressant, car il apporte une grande part de vérité à la fiction, ce qui devient vite fascinant.

 

 

Chloé Fougerais

 

Sources :

http://www.senscritique.com/livre/22_11_63/critique/8695435

http://www.telerama.fr/livres/22-11-63,93634.php

Séquestrée, Chevy Stevens

Annie a été kidnappée par un homme. Cet homme l’a séquestrée pendant un an dans une petite cabane de bois aux fenêtres condamnées en pleine montagne. Cependant, Annie a réussi à s’échapper, et le lecteur le sait avant même d’avoir tourné la deuxième page du roman. Chaque chapitre correspond à une séance chez sa psychologue, durant lesquelles Annie raconte ce qui lui est arrivé dans la montagne et les conséquences de cette désagréable aventure sur sa vie, une fois « libre ». Car il est difficile de dire qu’Annie est libre. Elle s’est peut-être échappée physiquement, mais moralement, elle est encore enfermée dans cette petite cabane de bois aux fenêtres condamnées.

Annie, qui est la narratrice, revient sur les moments vécus en compagnie du Monstre (son tortionnaire), de sa soumission envers lui pour avoir une chance de survivre. Un monstre, avec ses propres idées, ses valeurs et prêt à tout pour les lui inculquer. Comment rester soi-même alors, quand la seule personne que vous voyez au quotidien vous impose sa vision des choses, et que vous ne pouvez ni répondre, ni répliquer, de peur des représailles ? Il y a une phrase à ce propos qu’Annie dit au début de la neuvième séance qui m’a beaucoup marquée. « Mais si quelqu’un vous affirme à tout bout de champ que le ciel est vert, vous finissez par vous demander si ce n’est pas vous qui êtes fous de croire qu’il est bleu ».

Je me souviens avoir acheté ce livre parce que la couverture me plaisait. Une petite cabane dans une forêt sombre, juste éclairée par la lumière de la lune, et en grosses lettres le mot « SÉQUESTRÉE ». Je ne pense pas qu’à l’époque j’avais déjà lu ce genre de livre, mélange entre thriller et horreur, et je pense que c’est pour cela qu’il m’a laissé une impression aussi forte.

J’ai d’ailleurs recommencé à le lire ce week-end, et je suis surprise du nombre de choses et de détails que j’avais oubliés et qui me sont revenus au fil de la lecture. Je me souvenais parfaitement des sentiments d’Annie par exemple, et maintenant que j’ai terminé ce livre pour la deuxième fois, je me rends compte que j’avais complètement oublié le dénouement, le fin mot de l’histoire.

Je ne suis donc pas déçue de m’être replongée dedans, et j’espère pouvoir me procurer rapidement un autre ouvrage de Chevy Stevens.

ROCHELET Fanny

Une Vie comme les autres ?

Maupassant, protégé de Gustave Flaubert, héritier de son écriture réaliste et influencé par le mouvement naturaliste tel Zola, publie son premier roman en 1886.

Une Vie c’est un titre par lequel on pourrait comprendre qu’il voulait peut-être représenter la vie typique de l’être humain qui est «une aventure presque banale», une vie «marquée de quelques joies et de beaucoup de tristesse». En effet, cette vie est celle de Jeanne, le roman tourne autour d’elle pendant 25 ans, on y suit ses premiers émois et ses désillusions. C’est une jeune noble, avec des obligations. On assiste à son ascension et aussi à sa chute.

En somme, si ça n’avait pas été la plume du protégé de Flaubert, ce roman aurait pu paraître banal, avec chacun son lot de bonheur et son lot de malheur. Il s’est évidemment largement inspiré de son mentor et de Madame Bovary. Entre les deux histoires, on retrouve plus d’un point commun, et même si sans sa plume l’histoire ne serais pas la même, peut-être Maupassant ne s’est pas beaucoup creusé la tête pour chercher un sujet 40 ans après.

Maupassant, par son écriture, nous fait ressentir Jeanne, nous transforme en cette anti-héroïne. Comme le docteur Nastaran Yasrebi-Nejâd (1) nous l’explique : « En réalité, toutes les femmes croiront plus ou moins avoir été l’héroïne du roman, retrouveront leurs propres émotions et seront particulièrement attendries ».

La question, cette fois, n’est pas banalement comment trouver son identité mais comment ne pas la perdre face aux désillusions subies dans la vie de jeune fille ? Comment, à plus forte raison dans le cas de Jeanne puisqu’elle sort du couvent, peut-on se préparer à perdre une certaine forme de naïveté ?

Une fois entré dans l’histoire, on est aspiré dans une sorte de voyeurisme, peut-être malsain mais addictif. On épie chaque moment de la vie de Jeanne, on décortique chaque désillusion comme si elle était un rat de laboratoire. Et je ne saurais dire si malheureusement ou heureusement, c’est ce qui nous pousse à continuer à lire, à savoir quelle sera sa prochaine peine et voir comment cette anti-héroïne s’en sort. Maupassant, tout comme Flaubert le faisait avec sa Bovary, sait créer ce catharsis sans lequel le bouquin serait moins intéressant.

Ce roman aborde au XIXe siècle des questions présente dans notre monde actuel, sans jamais apporter des réponses concrètes. Finalement, Une Vie est un roman du XIXe sur un fond moderne. Il met en avant la question de balance entre le bien et le mal, la chance et la malchance de la vie. Jeanne y répond à la dernière phrase : « La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit. »

(1)Voir plus sur son article : http://www.teheran.ir/spip.php?article946#gsc.tab=0

« Avant toi » et moi après lui…

« J’ai perdu mon boulot. » Ma voix a tranché le silence. Les mots sont restés suspendus dans l’air de la petite pièce, incandescents ». Chapitre 1

Avant toi est un livre que je n’avais jamais lu jusqu’à ce week-end, alors qu’une lune timide apparaissait dans l’angle de la fenêtre de mon appartement.

De prime abord, ce livre n’a rien de réellement spécial, le résumé n’est aucunement révélateur du contenu écrit. Dommage, mais habituel. Le titre quant à lui, laisse entendre une romance un peu « guimauve » comme on en voit beaucoup sur les rayonnages des grandes surfaces.

Pourtant, certains parlaient de « claque », de « choc émotionnel »et d’yeux « larmoyants ». D’autres d’une héroïne « pleurnicharde » et d’un malade « effacé ». Et c’est ceci qui m’a intriguée, ces divergences.

L’écriture terre à terre de Jojo Moyes a des goûts de tous les jours. Sans fioritures, sans magie mais pas sans poésie. Juste de la poésie commune à tous, des émotions à fleur de peau et des sentiments, comme des bulles, éclatants ça et là.

L’auteure n’écrit pas une romance parmi tant d’autres. Non. Elle décrit la dure vie d’un tétraplégique à travers les yeux de Louisa et de ses proches. Elle décrit le regard des autres, montre le comportement instinctif que peut avoir une famille pourtant aimante, les changements, les espoirs refoulés, mais surtout l’hésitation immédiate et toujours présente, cette hésitation qui ronge littéralement Will, et qui révolte des millions de personnes…Celle de mettre fin à ses jours. Celle de donner la mort. Celle de la recevoir comme cadeau.

Le roman questionne ouvertement ce droit, ne le condamne ni ne le juge, ne le critique ni ne l’excuse, il livre juste les douleurs, les pensées, les petites choses qui blessent, usent ou mettent en colère un homme réduit à ne plus rien pouvoir faire seul.

Que peut donc l’amour ? Que ferions-nous ? Autres que les prémices de quelques larmes il reste, surtout, beaucoup de questions. Dommage cependant que le livre ne révèle cette part de beauté qu’après le tiers voire les deux tiers du roman.

 

Pour vous faire un plus ample avis n’hésitez pas à lire les commentaires dont les liens sont affichés ci-dessous et qui m’ont également servie de sources. La version anglaise et française de la 1ère et 4ème de couverture sont également présentes ci-dessous.

Enora Pagnoux

Commentaires :

Gwen 21 http://www.babelio.com/livres/Moyes-Avant-toi/448595/critiques/328027

Ama74 http://www.senscritique.com/livre/Avant_toi/critique/69436524

Plume http://www.senscritique.com/livre/Avant_toi/critique/26508359

Lynn58 http://booknode.com/avant_toi_0690393/comments?listfilter=9#tos

Sasadu13 http://booknode.com/avant_toi_0690393/comments?listfilter=5#tos

Versions couvertures:

Version française : édition milady

https://artemissia.files.wordpress.com/2013/02/604068_348631005252675_688870612_n.jpg?w=980&h=674

Version anglaise : édition penguin

https://allthingsemmacat.files.wordpress.com/2014/06/mebeforeyoumybookcover1.jpg

 

Commentaire de « L’analphabète qui savait compter »

Ce livre est écrit par Jonas Jonasson, journaliste suédois, et a été publié en octobre 2013. Il y a 7 parties, débutant toutes par une citation, d’auteurs célèbres à Winnie l’Ourson. Les 24 chapitres commencent par « Où il est question.. ». J’ai lu ce livre car le titre m’a fait rire, m’a attiré. Il résume bien le style de l’auteur, une ironie presque cynique, des phrases plutôt courtes et sans filtre : « Sa fille expliqua à sa mère qu’elle devait choisir entre le sevrage et la mort. Sa mère acquiesça, elle avait compris. Il y eut foule à ses funérailles. »

Une jeune fille sud-africaine se retrouvant liée à la fabrication d’une bombe nucléaire, des jumeaux suédois totalement opposés et existant derrière une seule identité, voici les deux chemins qui se croiseront dans l’œuvre. Entre les péripéties et autres rebondissements, l’auteur glisse une ou deux vérités peu avouables, le tout avec une légèreté propre à ses héros habituels. C’est ainsi qu’on apprend qu’Israël soutenait l’apartheid en Afrique du Sud, ou que Nelson Mandela était sur la liste des États Unis des terroristes jusqu’en 2008.

Jonas Jonasson, par sa faculté à s’adapter à ses personnages, parvient à alterner les deux histoires sans nous perdre. Passant d’un vocabulaire très pointu lors de certaines prises de parole de Nombeko, la sud africaine surdouée en sciences, à un registre beaucoup plus simplet lorsqu’il s’agit de Holger Qvist (celui des deux jumeaux qui peine à réfléchir), l’auteur rend très agréable la superposition des deux récits. Par exemple : « Il trouvait que c’était une bonne idée d’avoir des enfants, pour la principale raison qu’il appréciait le processus de fabrication ». L’extravagance de ses personnages m’a plu, comme ça m’avait plu pour le premier livre, « Le Vieux Qui Ne Voulait Pas Fêter Son Anniversaire ». La plupart des critiques négatives sur ce livre mettent en cause la longueur du livre (475 pages). Je les rejoins dans le sens ou l’enchaînement d’actions plus improbables les unes que les autres peut parfois être lassant, d’autant plus si l’on a, comme moi, lu le premier livre, de la même longueur environ.

En résumé, « L’analphabète qui savait compter » est un livre que j’apprécie énormément, à la fois ironique, extraverti et bien écrit. L’humour de l’auteur se retrouve dans les personnages autant que dans leurs aventures, et l’on s’attache jusqu’au bout à ces jumeaux suédois et cette sud africaine, représentant à eux trois l’absurdité d’un monde décidément bien hasardeux.

Louis Legros