Jeudi de Eden Levin (Noir sur blanc-notabilia, 2023) | par Romane Paré (Limes)

Source : Les Éditions Noir sur Blanc

Jeudi est un roman très particulier, que ce soit au niveau du fond ou de la forme. L’auteur nous embarque dans l’histoire parfois absurde, parfois sérieuse, mais jamais banale d’un conflit sanglant entre deux petits collectifs de théâtre révolutionnaires.

Eden Levin a choisi une forme originale, mêlant narration classique, coupures de presse, petites annonces, une pièce de théâtre inspirée d’un fait divers, extraits du manifeste révolutionnaire écrit par Elena et même un essai commentant le manifeste en question. J’ai trouvé ce choix créatif très intéressant dans sa volonté de créer tout un univers, un peu insensé mais finalement assez proche de notre société, pour placer l’histoire du collectif Jeudi dans un monde plus complet et plus complexe. L’auteur explique que dans ce monde, l’histoire du collectif Jeudi n’est qu’un fait divers parmi d’autres (voir lien ci-dessous). Cette explication m’a aidée dans ma réflexion concernant ma lecture, pour mieux comprendre les choix narratifs, en particulier l’aspect parodique de l’intrigue.  

Rencontre avec Eden Levin

Penchons-nous maintenant sur le style d’Eden Levin. Certains passages sont impressionnants, très cinématographiques, parfois sanglants. En tant que lecteur, on est vraiment immergé dans l’action. Malheureusement, le rythme est plusieurs fois perturbé par les interludes, issus du manifeste d’Elena, même si les réflexions qu’elle y développe sont plutôt stimulantes, notamment celle sur l’obsolescence programmée.

La citation ci-dessus est un bon exemple du constant décalage des registres, la fréquente dose d’absurde d’un collectif révolutionnaire qui ne se prend finalement pas tant que ça au sérieux.

On retrouve ce cynisme particulièrement dans la première partie, narrée par Alex. Il a rejoint ce collectif par hasard car il « [n’avait] pas grand-chose à faire un jeudi après-midi il y a cinq ans. » et l’assume. Il nous présente Jeudi avec un regard original, parfois blasé, semblant souvent se moquer du collectif.

Alex présente le collectif adversaire de la même manière, avec un certain recul, un regard décalé :

Alex est un personnage dans lequel on peut se reconnaitre facilement, grâce à ses failles : il se laisse porter, apparait mal à l’aise en société (« voilà que je me retrouve à devoir rencontrer quelqu’un »). Parmi les quatre personnages principaux composant le collectif, il est celui qui m’a paru le plus symbolique de la jeunesse d’aujourd’hui, un garçon perdu, qui ne sait pas trop où il va ni pourquoi, que ce soit dans ses études ou dans ses activités théâtrales et « révolutionnaires ».

J’ai eu plus de mal à m’identifier à Valencia, personnage beaucoup plus fantasque et dont le fil de pensée, dans la seconde partie du roman, est souvent difficile à suivre. C’est d’ailleurs dans cette seconde partie que mon intérêt pour l’intrigue a diminué, et que j’ai parfois décroché.

Il y a cependant dans cette seconde partie des éclairs de lucidité que j’ai appréciés, notamment la phrase suivante :

En effet, c’est une chose de vouloir faire la révolution, mais c’en est une autre de savoir pourquoi et comment.

C’est d’ailleurs là que le bât blesse pour moi avec ce roman. Si l’auteur exploite des thèmes très actuels comme l’écologie, la précarité étudiante, la jeunesse désabusée et perdue qui cherche un exutoire, un monde qui lui corresponde mieux, il part très loin, peut-être un peu trop loin. La frontière entre l’absurde, le parodique et le sérieux est souvent floue. L’autre collectif parait encore plus absurde que celui qu’on suit, rendant le conflit sanglant au cœur de l’histoire parfois difficile à croire.

L’aspect parodique ne me dérangeait pas pendant la première partie du roman, mais lorsque je lisais la seconde, j’avais de plus en plus de mal à m’investir dans l’histoire. C’est en partie dû, je pense, au changement de style, le personnage de Valencia étant bien moins cynique que celui d’Alex, ce qui, selon moi, invite à lire l’histoire avec un regard plus sérieux, ce que je n’ai pas réussi à faire.

Le passage qui m’a le plus dérangée est celui où le collectif est au commissariat. Il m’a particulièrement sortie de l’histoire, tellement un évènement, leur « évasion », m’a paru improbable, mais sans que je puisse y trouver une justification, un choix littéraire de la part de l’auteur, contrairement à bien d’autres aspects absurdes présents dans le roman.  

De plus, j’ai trouvé dommage que le livre ne soit jamais écrit du point de vue de Siegfried, le quatrième membre du collectif. Il se retrouve entraîné dans ce conflit sanglant et ubuesque totalement par hasard, après une nuit partagée avec Valencia. Il est donc finalement un double du lecteur, qui plonge dans ce roman, sans connaitre le passé du collectif, ses tenants et ses aboutissants. Malheureusement, nous ne savons presque rien de ce personnage, alors que certains éléments de son passé auraient pu nous aider à comprendre pourquoi il se laisse entraîner dans une aventure pareille.

Quant à la fin du roman, elle m’a plu davantage que le reste de la partie narrée par Valencia. Elle correspond bien au reste du livre, à la fois optimiste et pessimiste, chaotique comme la genèse du collectif Jeudi.

En conclusion, c’est une lecture en demi-teinte pour moi. J’ai beaucoup aimé la première partie, surtout grâce au ton ironique d’Alex, beaucoup moins la seconde. Je trouve qu’il y avait de nombreuses bonnes idées dans cet ouvrage mais que toutes n’étaient pas bien réalisées et que la narration partait parfois « dans tous les sens », entre descriptions sanglantes et réalistes, et moments ubuesques ou interludes divers qui m’ont sortie du récit. Cependant, comme c’est un premier roman, je serais curieuse de découvrir les prochaines œuvres d’Eden Levin.

Encore une journée divine, Denis Michelis (Notabilia / Noir sur blanc, 2021) | par Amanda Argenty

Encore une journée divine est le quatrième roman de Denis Michelis, paru en Août 2021 aux éditions Noir sur blanc. Ce roman quelque peu déconcertant se passe dans un hôpital psychiatrique aux côtés de Robert, thérapeutre de métier qui va non pas se placer en tant que médecin mais en tant que patient. Une occasion pour lui de revenir sur son passé, sa famille et son frère disparu, son livre qui fait sa fierté et sa vie qui ne semble pas vraiment comme il l’a décrit.

C’est à l’aide d’un monologue que Denis Michelis nous livre le récit de son personnage. Dérangeant au départ à cause de cette forme si peu utilisée qui donne l’impression au lecteur d’écouter une conversation auquel il n’est pas invité, l’œil s’habitue et nous nous installons dans le décor pour connaître la suite de l’histoire de Robert. Nous ne sommes cependant que de passage et la mise en page nous le fait savoir avec des débuts de chapitres (qui sont au nombre de trois en réalité) sans majuscules et qui débutent avec la phrase du personnage qui semble déjà bien entamée. Seul son interlocuteur, le Docteur (à condition que ce dernier existe vraiment), connaît l’entièreté du récit, chose que nous ne serons jamais puisque le point de vue ne change pas. Il est cependant intéressant de relever que l’écriture de l’auteur nous permet malgré tout de deviner les questions et remarques du Docteur, des paroles fantômes et pourtant facilement compréhensible grâce aux réponses et au franc-parler de Robert.

“Et vous, Docteur, quelle est la nature – la nature profonde, comme on a l’habitude de dire – de vos pensées, quand vous rentrez le soir dans votre petite maison bien confortable, après avoir entendu, des heures et des heures durant, le pire comme le pire ?”

Le lecteur est plongé dans le flot de paroles de Robert. Cet homme mystérieux, sans filtre, quelque peu narcissique et qui ne doute en aucun cas de son talent, passe par de multiples sujets et de nombreuses réclamations sous peine de ne pas continuer son récit. Récit qui semble dans un premier temps décousu. Passant d’une discussion à une autre, il est dur de se repérer dans les nombreuses informations de Robert. Le récit va d’autant plus se compliquer quand mensonge et vérité vont se lier. Cependant, l’écriture nous pousse à vouloir continuer. Le ton du personnage, l’écriture presque parler donne l’envie de démêler le vrai du faux et finalement comprendre qui est vraiment l’homme presque en face de nous.

“Ce n’est jamais bon d’être doté d’une intelligence supérieure à la moyenne dans une famille d’idiots, et encore, je mâche mes mots. J’ai payé un lourd tribut pour cela, docteur, longtemps j’ai été rabroué à cause de mes capacités intellectuelles hors norme.”

Le récit, pourtant court, est riche en informations et en rebondissements. Petit à petit le lecteur voit, comprend et devine la vérité. La belle image de Robert s’efface, et la raison de sa présence à l’hôpital s’éclaircit. Ce roman fonctionne quelque peu en crescendo, où le lecteur découvre petit à petit la folie qui touche le personnage, et ses colocataires de chambre qui parlent au Diable semble finalement plus sain d’esprit que lui.

Un roman assez fou conté par un vrai fou, voilà ce que Denis Michelis vous propose dans Encore une journée divine.

« Encore une journée divine » de Denis Michelis (éditions Notabilia/Noir sur blanc, 2021) | par Irina Frydryczak

Dans son livre, “Encore une journée divine”, Denis Michelis installe une atmosphère étouffante de suspense, inconfortable au lecteur, qui assiste au monologue de Robert, seul personnage à parler; sans jamais pouvoir démêler le vrai du faux, ni se défaire du point de vue et de la présence de ce dernier. 

Ancien thérapeute interné dans un hôpital psychiatrique qu’il ressent comme une prison, Robert explique que, las d’écouter ses patients se plaindre et d’essayer de trouver une solution à leurs problèmes, il a trouvé une nouvelle méthode de travail – qu’il défend dans son livre Changer le monde, devenu, selon lui, un best-seller mais dont il n’a aucune preuve de l’existence – et leur conseille tout simplement de se débarrasser des causes et sources de leurs problèmes et angoisses, allant même jusqu’à conseiller le meurtre et le viol.

“ Vous avez peur des araignées ? Évitez les araignées.
Du vide ? Ne vous penchez pas trop en avant.
De l’avion ? Prenez le train.
Du noir ? Dormez la lumière allumée.
Des étrangers ? Restez chez vous.
[…]
Vous ressentez du désir, alors que c’est interdit ? Rien n’est interdit en matière de désir, car le désir est amour et nous sommes amour. […]
Bref : embrassez qui vous voulez.
COUCHEZ avec qui vous voulez.
Insistez s’il le faut. Soyez libre : brisez les chaînes que vous avez vous-même posées autour de vos poignets.
[…]
Accro à l’alcool ? Buvez de l’eau.
Au drogues ? C’est déjà trop tard…
Stressé ? Supprimez la source de stress.
Obèse ? Supprimez la source de nourriture.
En conflit avec l’autre ? Supprimez l’autre.
Avec vous-même ? Vous savez ce qu’il vous reste à faire.”

Robert, rejeté par son père, vivant dans l’ombre de son frère, semble désespéré et esseulé, sans amour. Il est interné pour dépression suite à la mort de son frère en mer, mort inexplicable pour un moniteur de voile expérimenté. On sait qu’il était présent lors de cet accident et qu’il croit en un amour fou entre la veuve de ce dernier – Wendy, et lui-même. Ce fou et paranoïaque, aux idées plus que immorales, allant jusqu’à croire que son père soudoie le médecin pour le placer à l’isolement, aurait-il appliqué sa méthode de travail en éliminant son frère qu’il voyait comme un obstacle  ? 

Au fur et à mesure de sa lecture, le lecteur s’interroge : peut-il croire Robert, ce personnage de plus en plus détestable auquel il ne peut pourtant s’empêcher de s’attacher ?  Difficile de démêler le vrai du délire dans ce monologue où il semble faire les questions et les réponses.
Au-delà de la volonté de pousser les individus à agir au lieu de se lamenter, il semble un fervent partisan du “populisme” et de la simplification de tout. 

“La simplification, Docteur, est la clé de tous nos malheurs”

Avec humour et profondeur, l’auteur aborde dans son livre, ces dérives populistes avec vérité. À travers cet anti-héros, il dénonce notre époque qui vire souvent à la folie et met en garde contre la sursimplification des idées et du langage. Le lecteur peut y voir un parallèle avec la vie politique actuelle, où comme les paroles de Robert, plus personne ne peut distinguer le vrai du faux, et surtout, où toutes les idéologies sont simplifiées au maximum pour que personne ne puisse prendre le temps de réfléchir.

“Des années et des années où le langage n’a fait que me mentir en pleine figure, me détourner de la réalité. […]
A mort les symboles, à mort les images, à mort les métaphores à la mords-moi-le-nœud, les sens cachés, l’ironie, le second, le troisième, le quatrième degré, vous comprenez, maintenant, pourquoi vous devez m’arrêter quand je me lance dans de pathétiques élans de poésie, à quoi cela nous a-t-il servi ?
À rien.
Ce que nous réclamons, Docteur, avec ardeur, et un certain courage, il faut bien le dire, dans cette société sans cesse interrompue qui va plus vite que la musique, c’est encore et toujours plus de littéralité.” 

Infiniment incisif et politique, parfois drôle et insoutenable, ce long monologue, bien que souvent répétitif, vaut le détour et permet de découvrir l’univers fou de l’hôpital psychiatrique.

Une journée divine, de Denis MICHELIS, (Notabilia / Noir sur Blanc, 2021) | par Marie MÉTOIS

C’est avec une écriture uniquement dialogique que Denis Michelis nous présente le récit de Robert, le personnage principal d’Une journée divine. Sans jamais entendre les autres personnages, le lecteur se voit forcé d’imaginer les répliques aux tirades de Robert, seul personnage de l’histoire à parler. On entre dans l’histoire comme si on avait une porte sur une discussion déjà en cours, nous immisçant dans une conversation privée. Ces arrivées soudaines du lecteur dans le texte sont marquées par une minuscule en début de phrase, comme si l’auteur nous ouvrait la porte sur un événement déjà en cours. Nul besoin de tiret dans ce récit, puisque Robert est la seule personne à parler, à part dans les souvenirs qu’il évoque, et qu’il n’y a aucun texte descriptif, uniquement des paroles. Ainsi, le lecteur n’a qu’un seul point de vue : celui de Robert, et ne peut pas s’échapper de la présence de ce dernier. Il se voit comme cloitré dans l’esprit de Robert, n’entendant que lui, et ne voyant que ce qui est décrit à vive voix. De plus, le lecteur n’assiste aux scènes que lorsque le médecin est dans la salle, comme si Robert n’existait pas en dehors de ses discussions avec celui-ci.

Avant d’être interné à l’institut psychiatrique de Sainte-Marthe, dans une chambre semblable, selon ses dires, à une prison, Robert était thérapeute et écrivait des articles et des livres. Il explique qu’un jour, un jeune homme a surgi dans son bureau, et que ce dernier a changé la façon dont il voyait sa profession. Il décide donc de changer totalement ses méthodes avec ses patients. Au lieu de chercher la cause de leurs problèmes, il leur conseille vivement de se débarrasser de leurs sources, parfois en insinuant devoir recourir à des crimes. Il avance avoir publié un livre apparemment révolutionnaire sur la manière de traiter et conseiller ses patients, qui, selon-lui, est devenu un best-seller, et va même jusqu’à affirmer que les lecteurs se battent dans les librairies pour pouvoir l’acheter. Pourtant, aucune preuve de l’existence réelle du livre à part ses paroles : il ne l’a pas en sa possession et son médecin, soit ne le trouve nulle part, soit ne compte pas l’acheter.

Au fond, ce n’est pas très compliqué avec les burn-out. Soit on change radicalement de vie, soit on choisit de mourir. Tous ces discours du genre il faut prendre du recul, se recentrer sur soi, accepter l’échec, c’est de la gnognote. Ou de la nuance, si vous voulez, mais là nuance n’a jamais sauvé personne”. p.20.

On apprend au fur et à mesure qu’il a été interné suite à une dépression et il aurait entre autres harcelé une femme (l’épouse de son frère Honoré, décédé juste avant l’internement de Robert dans des circonstances mystérieuses) qu’il considère comme l’amour de sa vie et pense que ses sentiments sont réciproques, malgré la gêne qu’il lui cause très clairement. Mais est-ce là la seule raison de son internement ? A-t-il un lien avec le décès de son frère moniteur de voile, puisque Robert était présent lors de sa chute en mer ? Ses propos ne le révèleront jamais, et on ne peut que supposer le déroulement des événements qu’il nous cache. Rejeté par son père, vivant dans l’ombre de son frère à qui tout semble réussir, il a pourtant de quoi être jaloux, et on ressent le désespoir de son existence et de son manque d’amour à travers ses paroles.

Mon père, oui, ce fervent opposant à mes études qui aurait préféré que je devienne comme lui instituteur, ou avocat, ou chef d’entreprise. Il n’a jamais compris qu’on pouvait trouver un sens à sa vie en écoutant celle des autres sans pour autant chercher à les éduquer, les défendre ou les dominer”. p.50.

Allant jusqu’à croire que son père soudoie l’institut psychiatrique pour le mettre en isolement, Robert semble plonger de plus en plus dans sa folie et sa paranoïa, assommant le lecteur de ses élucubrations sans fin et ayant de plus en plus souvent des accès de colère envers le médecin qui le suit – si tant est que le médecin existe réellement. Sans avoir la preuve que les autres personnages existent et qu’ils ne sont pas tirés de son imagination, il est de plus en plus difficile au fil des pages de croire Robert, tant il s’emporte dans des souvenirs aléatoires. Son dernier colocataire dans la chambre de l’institut semble être un reflet des pensées du lecteur.

 “J’ai peur, Docteur, peur de cet individu et des idées qu’il tente avec une volonté ardente, terrible, de nous incruster dans le cerveau. D’abord, les mensonges à propos de la nourriture de la cantine. Puis ceux qu’il a proférés à propos de mon frère, et maintenant le voilà qui remet en doute jusqu’à l’existence de mon livre. Aidez-moi, Docteur. Je vous en supplie” – p.186.

Le lecteur progresse dans l’histoire en se posant beaucoup de questions sur ce qui vérité et ce qui est mensonge. Doucement, il se détache de la version des faits affirmée par Robert pour imaginer ce que la réalité pourrait être. Il faut faire un grand tri dans les affirmations de l’homme enfermé sous contrainte, mais il reste difficile de démêler la réalité de la folie.

La fin de ce roman m’a laissée, comme tout lecteur parcourant ses pages, sur de nombreux questionnements. Robert a-t-il tué son frère ? Son livre existe-t-il réellement et est-il vrai comme il l’affirme que Windy et son éditeur le contactent régulièrement sur son téléphone portable ? Et enfin : Robert a-t-il réellement discuté avec le médecin et l’infirmière depuis le début du roman, ou était-il en train de se parler tout seul ? Encore une journée divine me laisse donc sur des questionnements et le sentiment d’être perdue, et c’est justement ce qui m’a plu dans ce livre. Sans fin nette et précise, et abandonnant le lecteur sans lui fournir toutes les réponses aux questions qu’il a pu soulever depuis le début de sa lecture, ce roman est un monologue écrit avec justesse, et emportant tous ses secrets avec lui.

Encore une journée divine est un roman en huit clos écrit par Denis Michelis, paru en 2021 aux éditions Noir sur Blanc.

Encore une journée divine de Denis MICHELIS (éditions Notabilia/Noir sur Blanc, 2021) | par Eden Besnard

Photo promotionnelle des éditions Noirs et Blancs pour la promotion du roman

Lorsque l’on observe ce roman, sans même l’ouvrir, on se rend déjà compte de plusieurs choses.

Tout d’abord, le livre est peu épais ce qui induit que l’auteur va devoir nous emporter dans son univers avec un nombre de page restreint. Cela donne l’idée d’un récit au rythme relativement soutenu et terminant sur une apothéose. L’auteur ,Denis Michelis, est un romancier déjà reconnu. Contrairement à d’autres romans de la rentrée littéraire, ce n’est pas un premier roman. La quatrième de couverture nous indique d’ailleurs qu’un de ces roman a reçu un prix littéraire. L’éditeur du roman sont les éditions Noirs sur Blanc, maison d’édition reconnue pour son catalogue hétérogène de titres et aux auteurs de nationalités diverses. L’ambition de cette maison d’édition a toujours été de créer des passerelles entre les peuples. Notabilia est la collection dans laquelle est publié ce roman. C’est leur collection de littérature française et étrangère.

Le titre, présenté en grand sur la couverture, dans une police de style impact, attire l’oeil du futur lecteur : Encore une journée divine . Ce titre semble être assez sarcastique de par le fait qu’on apprend à la 4ème de couverture que le personnage principal du roman est enfermé dans un hôpital psychiatrique. Dès lors on imagine assez mal comment il pourrait passer de divines journées. Ce titre annonce déjà le genre d’humour que l’on retrouvera plus tard au fil des dialogues de ce livre.

Les couleurs de la couverture sont assez unies.

On y voit plusieurs copies du même personnage (style dandy) s’envolant vers un ciel gris.

Seuls se détachent les ombres des clones.

À la lecture de la quatrième de couverture, nous saute au yeux le paradoxe comique du psychiatre enfermé en hôpital psychiatrique.

Le résumé nous promet l’histoire d’un changement de méthode « radical“. Le terme de « radical » est probablement important puisque écrit en gras.

On nous explique que le personnage de Robert est passé d’une forme psychanalytique presque freudienne à une forme plus axée sur l’action pure.

Le résumé traite de la disparition d’un frère. Ce crée alors le sentiment de mystère. Le lecteur aura-t-il affaire à une enquête policière ? Un meurtre a-t-il été commis ? Pour l’instant c’est difficile à savoir. Nul doute que le récit sera emplie de nombreux rebondissements et que le lecteur ira de surprises en surprises avec ce personnage rocambolesque et farfelu.

La couverture promet des instants de confessions, probablement auprès des médecins. On va donc suivre les élucubrations d’une personne dont l’esprit n’est pas des plus sains. Le résumé énonce déjà la volonté de perdre le lecteur entre réalité et mensonges au travers de l’esprit malade, tordu et qui sait, pervers de Robert.

Cette quatrième de couverture nous décrit un personnage fondamentalement mauvais: Populiste, manipulateur, dans le déni, désaxé de la réalité, qui simplifie sa pensée par des idéaux qu’on résumerait sur un post-it, si l’on voulait le gâcher et compréhensibles par le premier imbécile venu.

On parle de livre corrosif: L’auteur veut dénoncer quelque-chose à travers cet ouvrage. On imagine assez aisément qu’il dénonce la monter en flèche des idées populistes et parfois même souverainistes menant aux extrêmes comme on peut le voir actuellement en France avec la sur-présence presque paradoxal d’un fascisme décomplexé se disant pourtant opprimé et censuré.

Ce qui m’a intrigué dans ce livre c’est d’abord l’histoire qui était proposée par la quatrième de couverture. L’idée d’un personnage détestable, ou en tout cas ambiguë, dont on ne connaît pas réellement les motivations et qui semble en savoir plus qu’il ne voudrait le dire était alléchante. Un personnage à l’idéologie exécrable est proposé, pour ne pas dire forcé, au lecteur et c’est son point de vue qu’on nous obligé à adopter faute d’un autre point de vue auquel se rattacher.

L’auteur parvient, par une forme d’écriture novatrice dont je ne saurai vous gâcher le plaisir de la découverte, à nous faire ressentir un large panel d’émotions allant de l’attachement au dégoût. En effet, à l’aube des premiers « dialogues à sens unique » proposé par Robert, on ressent une certaine forme d’attachement pour un personnage qui n’a rien fait pour être là. Robert nous est montré comme un personnage gentiment sarcastique et à l’humour parfois grinçant mais pas mauvais pour autant. Une phrase qui fait particulièrement rire étant : « Vous pourriez au moins apprendre à frapper aux portes ou à être plus bruyant dans les couloirs. Sauf si vous flottez au dessus du lino tel un vampire. Auquel cas mes excuses sieur Dracula ». Il en devient presque attachant. Au fil de la lecture il se métamorphose en vieillard détestable, geignard, constamment à se plaindre et à critiquer autrui. Ne souhaitant finalement que la mort des imbéciles qui ne comprennent pas ces idées. Il se mue en une sorte de créature abjecte entre idéologie dangereuse, misogynie à peine cachée, racisme, populisme et croisade contre la psychanalyse standard. On en vient même à se demander si, de par les explications idéologiques qu’il disperse au fil de ses échanges avec son thérapeute, il n’en serait pas venu à tuer son propre frère. Frère qu’il disait pourtant aimer en début de roman. Ce roman met mal à l’aise et crée même une forme de gêne, de dégoût et parfois même de nausée lorsqu’on le lit.

Le livre est organisé sous formes de bribes d’échanges sans réel chapitrage ce qui peut créer un côté décousu et perdre le lecteur qui n’a alors plus de réel repère temporel à la manière du personnage qu’il suit.

Il y a bien quelques indices temporels disséminés çà et là dans le texte mais rien de réellement majeur.

Pour autant, ce n’est pas un journal de pensée mais bien un roman qu’on nous propose avec tout ce qu’il en incombe.

Une chose qui frappe dès le début de la lecture est que la première lettre de l’incipit n’est pas une majuscule mais une minuscule. Le lecteur prend la discussion en cours de route comme s’il était un autre personnage du récit venu écouter les élucubrations du personnage de Robert.

Tout le livre est écrit à la première personne du singulier. Tout du long c’est uniquement Robert qui parle et d’ailleurs, de tout le livre, aucun autre personnage ne parlera en son nom. C’est très intéressant car cela démontre deux choses. D’abord que Robert ne discute pas ou plutôt qu’il ne discute plus. Il se contente de faire des monologues et de s’écouter parler. C’est finalement très représentatif du personnage qui se prend pour plus grand et important qu’il ne semble réellement l’être. Les paroles des autres ne sont que paroles rapportées par Robert. On en déduit alors aisément qu’il peut les modifier à sa guise afin d’orienter la discussion selon son propre point de vue.

Quelques phrases marqueront, sans aucun doute, la lecture :

« Peut-être nous reverrons nous un jour, mais pour être franc, je ne le souhaite pas vraiment. »

« Je suppose que vous êtes un gauchiste avec votre prétention à écouter tout le monde et votre idée que n’importe qui est intéressant à écouter. Sans vouloir paraître vulgaire c’est une connerie ».

Avec les éloges écrits plus haut vous comprenez aisément la première qualité de ce roman : Il est divinement bien écrit.

Tout d’abord, la forme de récit est finalement assez inédite dans sa mise en place. Comme expliqué plus tôt c’est un dialogue dont on ne voit que les réponses de Robert ce qui créer une forme de manque. Comme si il nous manquait constamment des pièces du puzzle qu’il nous fallait combler par nous même. C’est une écriture presque ludique en un sens.

Ensuite, l’écriture de personnage est quasi sans faute. Si on regrettera un basculement peut être trop abrupte vers la vrai nature de Robert, on ne saurai nier l’attachement que l’on ressent. D’abord au personnage principal, avant de le trouver de plus en plus détestable au fur et à mesure que l’auteur dévoile son idéologie, mais finalement aussi au Docteur et à Madame L’infirmière.

Enfin, l’auteur nous propose une fin assez ouverte et libre à l’interprétation du lecteur qui laisse en suspend autant de questions qu’il en a répondu. Certes, ce genre de fin ne plaît pas à tout le monde mais elle a au moins le mérite de nous démontrer une chose : Le populisme n’est pas que l’idée d’un seul homme.

C’est également un récit troublant. Troublant, tout d’abord, de par la façon dont il décrit la montée en puissance d’idéologies simplifiées et basées sur des idées qui semblent tenir sur un post-it, souvent reprises par les extrêmes. Robert pourrait presque faire penser à un ersatz de Zemmour.

Troublant, également, de par la psychologie complexe de son personnage principal dont le lecteur arrive de moins en moins à délier le vrai du faux au fil du récit. Robert est-il un meurtrier ou juste un mythomane ? Rien n’est moins sûr.

Enfin, c’est un roman très actuel dans ses personnages ainsi que sa volonté de dénoncer les idées populistes de son personnage principal dont les nombreux parallèles avec des polémistes actuels ne semblent pas anodins. On pensera notamment à Eric Zemmour et sa volonté de se présenter aux présidentiels qui, au fur et à mesure que se dessine cette campagne, semble user de cette stratégie avant tout pour avoir une place plus importante dans les médias de masse afin de diffuser ses idées. C’est une volonté que l’on retrouve dans un certain sens chez le personnage de Robert qui use d’une stratégie inverse. Se montrer moins souvent en interview mais y imposer ses conditions : « Si l’on me propose une interview dans des merdias je demande à ce qu’on le fasse selon mes conditions. Je prépare d’avance les questions, car je n’ai pas de temps à perdre avec les leurs, et je prends le temps qu’il me sied le mieux pour y répondre. Je ne leur autorise aucune coupure sur le montage final. Enfin, nul n’est en droit de reprendre mes paroles. Si elles posent problème à quelqu’un qu’il se plaigne publiquement ou se taise. Dans tout les cas j’aurai gagné ».

En conclusion on peut dire que ce livre est une œuvre importante en cette période politique trouble et complexe où l’on ne sait réellement qui dit la vérité et qui nous ment. En plus d’une plongée dans l’univers de la psychiatrie, bien loin de ce que pouvait nous proposer Artaud de son temps, l’auteur nous propose une forme d’initiation par la confrontation aux idéaux populistes et à ceux qui les pondent. D’abord sympathique pour certains, le personnage de Robert montre vite son vrai visage et devient cette espèce de chimère entre l’enfant geignard et pathétique et l’homme adulte désabusé et tellement cynique qu’il virerait presque dans la psychopathie la plus totale.

Encore une journée divine de Denis Michelis (Notabilia/Noir sur blanc, 2021) | par Lorynn COUROYER

J’ai choisis Encore une journée divine de Denis Michelis comme premier ouvrage à lire de la rentrée littéraire. Ce livre a été selectionné pour son apparence physique et pour son titre. En effet, le titre est mis en avant par un bandeau rouge et la couverture est composée d’une image assez particulière. Cette image représente au centre un homme de dos, avec un chapeau et une canne, face au paysage d’une plaine. Le motif de l’homme est placé ensuite plusieurs fois à différents endroits sur la couverture. C’est la curiosité suscité par l’association de l’image et du titre qui m’a poussé à lire ce livre.

Le fait qu’il y ait une centaine de page est encourageant pour la lecture, que nous soyons étudiant ou travailleur ou bien les deux à la fois, se poser sur un premier livre dont la lecture prend seulement quelques jours paraît facilement abordable. Tout le récit est en focalisation interne, la narration est à la première personne et elle est constamment sous forme de dialogue où le second locuteur est invisible à l’œil du lecteur mais présent par la parole de Robert, le protagoniste. L’incipit est in medias res, le lecteur est ainsi vite pris dans l’histoire. Le récit ressemble presque à celle d’un roman policier, si ce n’en est pas un, où le lecteur accompagne les personnages en quête du contexte d’un meurtre. Il est d’ailleurs question du meurtre du frère du protagoniste dans cet ouvrage. Chaque élément que donne le protagoniste sur le contexte est alors important et le fait qu’il ne donne pas toutes les informations dès le début incite le lecteur à rester accroché jusqu’à ce qu’il obtienne un nouvel élément qui fait avancer l’intrigue. Ce qui est encore plus intéressant c’est que plus le récit avance, plus les questions du lecteur se multiplient. J’ai choisi ce livre sans avoir d’attentes particulières et j’ai été charmé pendant ma lecture d’Encore une journée divine par les références au monde d’aujourd’hui qui procure un confort à la lecture, puis par le parler du protagoniste qui est direct. La mise en page du texte est aussi un élément qui m’a plu dans cet ouvrage.

L’incipit In medias res débute sur une minuscule. Le texte est composé de fragments qui s’enchaînent, il n’y a pas de saut à la ligne mais des alinéas. Il y a des saut de lignes seulement pour séparer le texte en différents temps. Un espacement avec une astérisque signifie que la scène change de temps, et possiblement d’espace. Il peut s’être passé quelques jours comme quelques heures. Il n’y a pas de chapitres mais il semble y avoir quatre parties. Ces parties sont reconnaissables car le texte de la première partie se termine sur une page et reprend sur la prochaine page de droite qui suit – donc soit sur la page suivante lorsque le texte termine sur une page gauche, soit sur celle d’après si le texte termine sur une page droite – après un espacement, qui aurait pu être utilisé pour le titre ou la mention d’une partie ou d’un chapitre.

Encore une journée divine est un livre singulier, intriguant et addictif.

Il est singulier par la façon dont il est écrit, par la mise en page du texte, par le protagoniste et sa manière de penser :

« Évidemment que je connais mon livre par coeur, et ça me ferait plaisir de vous en citer des passages à voix haute.
Je remarque que Madame l’Infirmière est toute ouïe, si vous saviez le plaisir que ça me provoque.
Vous avez peur des araignées ? Évitez les araignées.
Du vide ? Ne vous penchez pas trop en avant.
De l’avion ? Prenez le train.
Du noir ? Dormez la lumière allumée.
Des étrangers ? Restez chez vous.
Des clowns ? Évitez les cirques.
Des souris ? Ne descendez plus à la cave.
Des abeilles ? Pas d’inquiétude, bientôt il n’y en aura plus.
Des pigeons ? Restez en province.
Vous vous sentez abattu, triste, déprimé ? Voyez plutôt le bon côté des choses.
Épuisé ? A bout de nerfs ? Dormez cent ans, et votre prince viendra.
Vous venez de perdre un être cher ? Maintenant que vous avez compris que la mort existe, profitez de la vie.
Vous ressentez du désir, alors que c’est interdit ? Rien n’est interdit en matière de désir, car le désir est amour et nous sommes amour. Je rappelle par ailleurs que les interdits ont été posés par ceux-là mêmes qui cherchent à vous grignoter votre petite tête confer plus haut.
Bref : embrassez qui vous voulez.
COUCHEZ avec qui vous voulez.
Insistez s’il le faut. Soyez libre : brisez les chaînes que vous avez vous-même posées autour de vos poignets.
Timide ? Surpassez-vous.
Couard ? Demandez à quelqu’un d’autre.
Honteux ? Acceptez la honte, extériorisez-la, criez-la sur tous les toits, sauf si vous avez peur du vide, CQFD.
Angoissé ? L’angoisse n’existe que dans nos sociétés modernes de privilégiés, vous devriez au contraire vous réjouir.
Accro au jeu ? Faites-vous interdire de casino.
Accro à l’alcool ? Buvez de l’eau.
Au drogues ? C’est déjà trop tard…
Stressé ? Supprimez la source de stress.
Obèse ? Supprimez la source de nourriture.
En conflit avec l’autre ? Supprimez l’autre.
Avec vous-même ? Vous savez ce qu’il vous reste à faire. »

L’absence de voix autre que celle du protagoniste est aussi un élément qui révèle la singularité d’Encore une journée divine.

Il est intriguant grâce à son incipit in medias res, par les questions du lecteur qui se multiplient au fur et à mesure de la lecture, par le personnage et le lieu dans lequel il se trouve, un hôpital psychiatrique.

Il est addictif par son récit qui donne envie d’en savoir toujours plus sur le contexte, par le désir du lecteur d’obtenir les réponses aux nombreuses questions qu’il se pose, par la simplicité du texte qui rend facile la lecture et enfin par la sensation que ressent le lecteur lorsqu’il se rapproche d’une réponse à l’une de ses questions mais qu’elle n’est finalement pas donnée. Ainsi l’effet produit est un désir de continuer la lecture jusqu’à l’obtention de la réponse.

Voici un extrait du livre qui me semble représentatif.

« Mais au commun des mortels, il faut s’adresser de manière beaucoup plus terre à terre. C’est exactement ce que j’ai fait dans Changer le monde qui, aux dernières nouvelles, caracole TOUJOURS en tête.
Eh bien, tant pis si je radote !
Mon livre est un succès planétaire.
Mon livre est un succès planétaire.
Mon livre est un succès planétaire.
Je m’arrête là, car Madame l’Infirmière est sur le point de me faire piquer.
Qu’est-ce que ça vous coûterait de vous arrêter chez le premier libraire, vendeur de journaux, pompiste, ou à la supérette du coin ? Qu’on en finisse une fois pour toutes.
J’en suis où avec toutes ces histoire, Docteur ?
La famille. Toujours et encore la famille. »

Ce passage met en avant le caractère du personnage principal. Un homme imbus de lui-même, qui a un problème évident avec sa famille. De plus, cet extrait possède quelques éléments qui suscitent plusieurs interrogations chez le lecteur : le livre Changer le monde, le succès de ce livre, la santé mentale du protagoniste, la présence du docteur et de l’infirmière, la famille de Robert. Vu que le lecteur obtient toute information qu’à travers la seule parole du personnage principal, la remise en question de sa parole est constante. Il se trouve en hôpital psychiatrique, bien que ses crises de nerfs peuvent être l’une des raisons pour son entrée en HP (Hôpital psychiatrique), il se peut qu’il y soit pour d’autres raisons, comme la mythomanie, d’ailleurs son propre médecin remet souvent en doute la parole de Robert.

À la fin de la lecture d’Encore une journée divine, il reste encore plusieurs questions sans réponse. Je ne sais pas si le protagoniste est réellement en conversation avec quelqu’un car tout le long du livre il n’y a que sa voix. Je ne sais pas si le livre Changer le monde existe dans l’univers du récit ou si c’est un mensonge établit par Robert. Je ne sais pas si le protagoniste est réellement en contact avec son éditeur et Windy pendant son séjour en HP. Je ne suis pas sûre à 100 % que Robert ait tué son frère. Je ne sais pas si le lecteur peut faire confiance aux paroles du personnage principal. En plus de ces choses dont je n’ai pas la réponse, il y a aussi des questions qui reste à l’esprit. Est-ce que Windy va réellement venir avec ses enfants voir Robert. Est-ce que le livre du protagoniste a réellement été ramené pour qu’il puisse le montrer à son docteur ou est-ce qu’il va encore inventer une excuse comme la perte de ce livre par exemple. Nous pouvons aussi nous demander pourquoi l’auteur a choisi un récit à la première personne. En tant que lectrice, je me demande si je me suis fait avoir par les paroles de Robert et que depuis le début il n’y a pas d’autres personnages que lui-même. Je me demande si nous aurions eu plus d’information s’il y avait une seconde voix venant d’un autre personnage, car la présence d’une seule voix fait qu’elle est constamment remise en question.