Laurine ROUX, Le Sanctuaire (Les éditions du Sonneur, 2020), par Clémence Blet

La nature est belle, mais la nature est aussi dangereuse. La nature terrestre et celle des Hommes. Celle des hommes et celle des femmes.

Je ne savais plus quoi écrire ou comment l’écrire lorsque j’ai terminé le dernier roman de Laurine Roux, Le Sanctuaire. Bouleversée, je tente, après une bonne nuit de sommeil, de mettre des mots sur ce que j’ai ressenti à la lecture de cette œuvre, si singulière.

Dans le roman, nous suivons Gemma, entourée de sa famille, sa sœur, sa mère et son père. Isolés dans une cabane au fond des bois, la vie semble avoir été décimée par un virus transmis par les oiseaux. Chaque jour est une routine bien huilée pour la jeune fille, enfant sauvage née dans ces paysages superbes. Chasser, tuer les oiseaux, synonymes de danger, découvrir la nature, mais toujours dans les limites du Sanctuaire, ce semblant d’oasis construite par son père.

Gemma aime sa vie telle qu’elle est, contrairement à sa sœur et sa mère qui ont connu « la vie d’avant » et ne font que péniblement survivre à la vie présente. Proche de son père, il lui a tout appris, elle cherche sa fierté dans ses chasses et ses captures. Mais Gemma va faire une rencontre, qui va bouleverser toutes ses croyances. Elle trouvera un ami, un espoir, à plume et à bec.

Laurine Roux nous transporte dans ce Sanctuaire et j’ai adoré suivre Gemma dans sa recherche de la liberté, même si elle ne le sait pas encore. J’ai aimé voir le doute s’insinuer en elle, sa vision changer et son esprit vagabonder hors les murs de cette cabane qui est son foyer. J’ai eu peur avec elle, de cet étrange et dangereux vieil homme, de l’inconnu mais aussi de son père. J’ai aimé avec elle cette nature, sauvage, splendide, à perte de vue, comme si j’étais, moi aussi, dans cette montagne et ces forêts. Je pense que c’est ce qui a fait la différence pour moi, la façon qu’a Laurine Roux d’écrire la nature.

« Une ultime impulsion ; l’autre versant de la montagne s’offre à moi. Une jupe de nuage ouate ses flancs, dorlote la chaîne qui s’étire dans le lointain et tout, baigné dans une lumière rosée, prend des allures de maternage. »

On semble si petits, si insignifiants, face à une telle beauté et force. Pas seulement la montagne, mais l’aigle aussi, majestueux et terriblement effrayant. Et cette complicité qui s’installe avec Gemma ! Sans vraiment comprendre pourquoi ou comment, j’étais, moi aussi, impatiente de le retrouver.

L’autrice a su écrire et décrire la violence, celle qui anime le vieil homme dont nous ne savons rien, juste des suppositions, mais surtout, celle du père de Gemma. Il domine sa famille, ses filles et sa femme, nous ne savons rien de lui, pas plus que ses filles et il semble pourtant si imposant, si terrible.

Bouleversante, la fin du roman est libératrice et pleine d’espoir et de changement. J’ai eu comme l’impression que ma lecture n’a duré qu’un instant, le temps d’un souffle. Laurine Roux a su me transporter dans un huis clos violent et beau à fois, je ne saurais comment le décrire réellement. Une chose est sûre, je ressors ébahie de cette lecture. Je suis certaine que vous serez de mon avis.

Le Sanctuaire est publié aux Editions du Sonneur.

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